Un blogueur égyptien est maintenu en détention alors qu’il a purgé sa peine de prison

Amnesty International a exhorté les autorités égyptiennes ce jeudi 11 novembre 2010 à relâcher immédiatement un blogueur maintenu derrière les barreaux alors qu’il a fini de purger sa peine de quatre ans d’emprisonnement. Karim Amer, incarcéré pour avoir critiqué sur son blog le président Mohamed Hosni Moubarak et l’islam, est maintenu en détention dans un centre du Service de renseignement de la sûreté de l’État (SSI) à Alexandrie, alors qu’il aurait dû être libéré le 5 novembre. Les avocats du Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme (ANHRI) ont fait savoir que Karim Amer a été frappé et a subi des violences aux mains des agents du SSI. « Karim Amer a fini de purger sa peine de quatre ans d’emprisonnement, prononcée pour des actes qui se limitaient au simple exercice de son droit à la liberté d’expression, et pourtant il est toujours derrière les barreaux, a déploré Amnesty International. « Les autorités égyptiennes doivent enquêter sur les allégations faisant état de brutalités et de mauvais traitements, et expliquer sur quels fondements légaux elles s’appuient pour le maintenir en détention. » Karim Amer a été frappé par un jeune agent du SSI qui a proféré des menaces, lui enjoignant de cesser d’écrire sur l’islam et les chrétiens. Cet agent a également menacé de prolonger sa condamnation initiale. Au départ, Karim Amer avait cru comprendre qu’il était conduit aux bureaux du SSI uniquement pour remplir ses documents de libération. En 2007, il a été déclaré coupable d’avoir « incité à la discorde et diffamé les musulmans sur Internet en présentant le prophète et ses compagnons comme des assassins, ce qui trouble la paix nationale », et d’avoir « insulté le président de la République par ses écrits sur Internet ». En novembre 2008, le Groupe de travail sur la détention arbitraire a qualifié la détention de Karim Amer d’« arbitraire », au motif que son arrestation, liée à ses critiques postées sur Internet et à l’exercice de son droit à la liberté d’expression, bafouait les libertés fondamentales consacrées par la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). En prison, ses gardiens lui avaient précédemment infligé des violences et l’avaient placé à l’isolement, au motif qu’il aurait agressé un codétenu, en octobre 2007. « Les autorités égyptiennes ne cessent de persécuter Karim Amer, ainsi que d’autres détracteurs du gouvernement », a déploré Amnesty International. L’organisation considère Karim Amer comme un prisonnier d’opinion et poursuit sa campagne en faveur de sa libération. Enfin, Amnesty International a invité le président Hosni Moubarak à mettre un frein aux pouvoirs du SSI et à veiller à ce que les agents de ce Service qui violent la loi ou bafouent les droits humains des prisonniers soient déférés à la justice.