La Syrie doit inculper ou libérer un religieux chiite libanais

Amnesty International a exhorté les autorités syriennes à inculper ou à libérer un religieux chiite libanais détenu au secret depuis son arrestation, il y a plus de trois mois, alors qu’il se rendait en pèlerinage à La Mecque.Ancien membre du Hezbollah, le cheikh Hassan Mchaymech se rendait en Arabie Saoudite en voiture avec sa femme et sa mère lorsqu’il a été arrêté par la Sécurité politique syrienne, le 7 juillet, du côté syrien du poste-frontière de Jdeidet Yabous, situé entre le Liban et la Syrie.Les autorités syriennes n’ont pas indiqué pour quelles raisons cet homme a été arrêté, où il est détenu, ni s’il fait l’objet d’une inculpation. Les services de sécurité syriens sont bien connus pour leur recours à la torture ou à d’autres mauvais traitements.« Les autorités syriennes doivent immédiatement révéler où se trouve Hassan Mchaymech et elles doivent soit le libérer, soit l’inculper d’une infraction dûment reconnue par la loi », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.« Pendant sa détention, les autorités doivent prendre des mesures pour veiller à ce que cet homme ne soit pas torturé ou victime d’autres mauvais traitements et à ce qu’il soit autorisé à recevoir des visites de sa famille et puisse consulter un avocat de son choix. »D’après la famille de Hassan Mchaymech, depuis son arrestation, le ministère libanais des Affaires étrangères a écrit à plusieurs reprises aux autorités syriennes afin de leur demander des éclaircissements sur les raisons pour lesquelles cet homme a été interpellé. Ces demandes sont jusqu’ici restées sans réponse.La famille de Hassan Mchaymech a également fait paraître trois appels dans les journaux libanais à l’attention de Michel Sleiman, Saad Hariri et Nabih Berri, respectivement président de la République, premier ministre et président de l’Assemblée nationale du Liban, pour leur demander de faire pression sur les autorités syriennes afin qu’elles révèlent ce qu’il est advenu de cet homme.Ses proches ont rencontré les directeurs des cabinets de ces représentants de l’État, qui leur ont dit que les autorités syriennes ne répondaient pas à leurs demandes d’informations.Hassan Mchaymech était membre du Hezbollah, une organisation politique et militaire chiite soutenue par la Syrie et l’Iran et qui a une certaine influence au Liban. Il a quitté cette organisation en 1998, à la suite de désaccords internes.Il a alors créé et publié un magazine mensuel sur Internet, https://difaf.org, pour lequel il rédigeait des articles appelant notamment à la tolérance envers les différences qui existent entre les divers courants religieux au Liban, ainsi qu’à la séparation de la religion et de l’État.Avec d’autres personnalités religieuses du Liban, il a fondé en août 2009 une organisation non gouvernementale qui défend le respect de la diversité intellectuelle et religieuse.La Sécurité politique est l’un des nombreux services des forces de sécurité syriennes, qui arrêtent régulièrement des personnes au moindre soupçon d’opposition au régime.En 2009, au moins sept personnes seraient mortes des suites de sévices subis en détention. Les autorités n’ont pris aucune mesure pour enquêter sur ces allégations.Les « aveux » arrachés sous la contrainte sont systématiquement retenus à titre de preuves par les tribunaux syriens et les plaintes pour torture ou autres mauvais traitements déposées par les prévenus ne font pratiquement jamais l’objet d’investigations.