Le roi d’Arabie saoudite doit empêcher l’exécution d’une domestique sri-lankaise

Ce mercredi 27 octobre, Amnesty International a exhorté le roi d’Arabie saoudite à empêcher l’exécution d’une jeune femme sri-lankaise qui a été déboutée de son appel d’une condamnation à mort pour un meurtre commis quand elle avait, selon elle, 17 ans.Rizana Nafeek, qui a été arrêtée en mai 2005, accusée d’avoir tué un bébé qu’elle gardait, a vu sa peine de mort confirmée lundi 25 octobre par la Cour suprême de Riyadh. Son jugement est à présent en attente de ratification définitive par le roi Abdallah. Le président sri-lankais Mahinda Rajapakse a déjà appelé ce dernier à user de son droit de grâce.« Il serait scandaleux que Rizana Nafeek soit exécutée pour ce crime, a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Vraisemblablement, elle était elle-même une enfant à l’époque, et il existe des doutes réels quant à l’équité de son procès.« L’Arabie saoudite est l’un des pays exécutant le plus de personnes au monde, et les migrants originaires de pays pauvres en développement figurent parmi les premières victimes. »Rizana Nafeek est arrivée en Arabie saoudite en mai 2005 pour travailler comme bonne. Le passeport qu’elle a utilisé pour entrer dans ce pays indique qu’elle est née en février 1982, mais elle affirme qu’elle est en fait née six ans plus tard, en février 1988, comme le certifie son acte de naissance. Si c’est le cas, elle n’avait que 17 ans au moment du crime pour lequel elle a été condamnée à mort. Rizana Nafeek n’a pas pu bénéficier des services d’un avocat pendant l’interrogatoire précédant son procès, au cours duquel elle affirme avoir été agressée, ni lors de son procès en première instance. Elle a d’abord « avoué » le meurtre, mais elle s’est rétractée depuis, affirmant que ses « aveux » lui ont été arrachés sous la contrainte après qu’elle a été agressée physiquement en détention.Son dossier a été renvoyé devant diverses juridictions après sa condamnation à mort le 16 juin 2007 par un tribunal de Dawadmi, jusqu’à ce que la Cour suprême confirme sa peine cette semaine. Son jugement a maintenant été soumis au roi Abdallah. S’il le ratifie, elle risquera d’être exécutée peu de temps après.Selon certaines sources, le tribunal qui l’a condamnée s’est fié à l’âge indiqué sur son passeport et n’a pas permis l’examen de son acte de naissance ou de tout autre élément attestant son âge. En tant que partie à la Convention relative aux droits de l’enfant, l’Arabie saoudite s’est engagée à ne pas exécuter des personnes qui avaient moins de 18 ans au moment des faits qui leur sont reprochés. Les autorités saoudiennes ont exécuté au moins 158 personnes en 2007, dont 76 étrangers, et au moins 102 personnes en 2008, dont près de 40 étrangers. En 2009, on sait qu’au moins 69 personnes ont été exécutées, dont 19 étrangers. Depuis le début de l’année 2010, au moins 21 autres condamnés ont été exécutés, dont cinq étrangers.En Arabie saoudite, un grand nombre d’infractions sont passibles de la peine capitale, qui est prononcée à l’issue de procès au cours desquels les normes internationales d’équité sont systématiquement bafouées. Les accusés sont rarement autorisés à bénéficier officiellement de l’assistance d’un avocat et, dans de nombreux cas, ils ne sont pas informés de l’évolution des procédures dont ils font l’objet.