Mexique : les autorités doivent enquêter sur l’embuscade tendue à des membres d’une communauté indigène

Amnesty International exhorte les autorités mexicaines à diligenter une enquête sur l’attaque dont ont été victimes des membres de la communauté triqui dans l’État d’Oaxaca. Un homme et une femme ont en effet été abattus par un groupe armé qui entretiendrait des liens avec les autorités. Samedi 16 octobre 2010, des hommes armés ont tendu une embuscade à cinq membres d’une association du peuple indigène triqui près du village de Tres Cruces, au cours de laquelle ils ont tué Teresa Ramirez Sánchez et Serafin Ubaldo Zurita. Deux autres hommes et une femme, dont nous préférons taire les noms pour les protéger, ont survécu à cette attaque. L’un d’entre eux est toujours à l’hôpital. « Cet événement souligne la nécessité pour les autorités de protéger les survivants, mais aussi de prendre immédiatement des mesures afin de rétablir l’état de droit et de protéger les droits humains dans cette région troublée du sud du Mexique, a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International. « Les groupes armés opèrent dans la région en toute impunité depuis de nombreuses années. Les autorités doivent agir afin de restaurer la loi, en commençant par mener dans les meilleurs délais une enquête approfondie sur les assassinats de Teresa Ramirez Sánchez et Serafin Ubaldo Zurita. » La Commission interaméricaine des droits de l’homme a invité ce mois-ci les autorités mexicaines à protéger les communautés. Les cinq victimes de cette embuscade, tendue entre les villes de Santiago Juxtlahuaca et Yosoyuxi, étaient membres d’un groupe politique, le Mouvement indépendant d’unification et de lutte des Triquis (MULTI). Ce mouvement, soutenu par 700 indigènes triquis, a fondé la municipalité autonome de San Juan Copala le 1er janvier 2007. En septembre 2010, des membres armés de deux autres organisations triquis, UBISORT et MULT, se sont emparés de la municipalité autonome de San Juan Copala et ont occupé le village. Tous les habitants identifiés comme appartenant à MULTI ont fui pour s’installer dans des communes voisines, notamment Yosoyuxi. De novembre 2009 à septembre 2010, des groupes armés ont assiégé San Juan Copala. Ils cernaient le village et faisaient feu dans les rues quotidiennement pour intimider les habitants, dont beaucoup avaient soutenu le mouvement MULTI. Pendant le siège, ils avaient coupé l’approvisionnement en nourriture, en eau et en médicaments. Le 27 avril 2010, des hommes armés d’UBISORT ont tendu une embuscade à un convoi humanitaire près de San Juan Copala et tué deux défenseurs des droits humains. Le 7 septembre, des hommes armés ont attaqué et blessé deux femmes indigènes vivant à San Juan Copala. À ce jour, personne n’a été traduit en justice pour ces crimes. Depuis de nombreuses années, les groupes armés, dont certains seraient liés aux autorités locales et d’État, harcèlent et tuent des Triquis en raison de leur appartenance présumée à des organisations indigènes locales. Les autorités de l’État d’Oaxaca comme les autorités fédérales n’ont pas pris les mesures qui s’imposent afin de démanteler ces groupes armés.