Au lendemain d’une nouvelle vague d’arrestations, Amnesty International a engagé les autorités égyptiennes ce jeudi 28 octobre 2010 à libérer ou inculper tous les membres des groupes d’opposition incarcérés à l’approche des élections parlementaires prévues en novembre. Au moins 75 membres des Frères musulmans ont été arrêtés mardi 26 octobre lors de descentes de police effectuées à Alexandrie, dans des habitations où ils préparaient la campagne électorale. Environ 10 autres ont été interpellés mercredi. Ils sont tous détenus sans inculpation. Quatre membres d’un groupe de jeunes militants de l’opposition, le Mouvement du 6 avril, ont également été interpellés le 27 octobre. Ils ont été accusés d’avoir organisé un rassemblement public sans autorisation et d’avoir distribué des tracts appelant à boycotter l’élection. Ils ont ensuite été libérés sous caution. « Ces récentes arrestations illustrent la répression croissante qu’exerce le gouvernement contre les Frères musulmans et les groupes de l’opposition à l’approche du premier tour des élections prévues le 28 novembre, a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Les autorités égyptiennes doivent respecter le droit des organisations et des militants de l’opposition de faire campagne pacifiquement sans ingérence ni persécution, en vue d’élections libres et équitables. Toutes les personnes placées en détention doivent être libérées, si elles ne sont pas inculpées d’infractions reconnues par la loi. » Plus de 260 sympathisants des Frères musulmans ont été arrêtés depuis que leur président, Mohamed Badie, a annoncé le 9 octobre que des membres de ce mouvement allaient se présenter aux élections. La plupart d’entre eux, dont plus de 70 avaient été arrêtés dans le courant du mois d’octobre, ont été libérés depuis. Quant aux quatre membres du Mouvement du 6 avril, réseau en ligne lancé sur Facebook en 2008 afin de soutenir des ouvriers en grève dans la ville d’El-Mahalla El-Kubra, il s’agit de Salwan Muhammad Said, Mohammad Abdallah, Mahmoud Ahmed Hamed et Magdy Abdel-Rahman. Les Frères musulmans sont officiellement interdits en Égypte depuis 1954. Cependant, ce mouvement continue d’opérer ouvertement et ses dirigeants et partisans se sont déjà présentés en tant que candidats indépendants à des élections parlementaires, bien souvent avec succès. Il jouit d’un large soutien au sein de la population et est généralement considéré comme le principal rival du Parti national démocratique au pouvoir.