Les autorités bahreïnites doivent autoriser les détenus à être en contact avec leurs avocats

Amnesty International a demandé aux autorités bahreïnites d’autoriser les militants de l’opposition et les défenseurs des droits humains arrêtés dans le cadre d’une vague de répression en août à rester en contact avec leurs avocats et leurs familles.L’organisation croit savoir que pas moins de 250 personnes – religieux, étudiants, membres d’organisations de bienfaisance ou de défense des droits humains et militants de l’opposition – sont détenues depuis le mois d’août.Ces personnes seraient principalement membres de la communauté chiite, majoritaire à Bahreïn, pays dont les dirigeants appartiennent en général à la minorité sunnite. « Le droit des détenus à être en contact avec les avocats de leur choix, et avec leur famille, est un droit humain fondamental que les autorités bahreïnites sont tenues de respecter aux termes du droit international », a déclaré Malcolm Smart, directeur d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.« Priver des personnes incarcérées de contact avec le monde extérieur met en danger leur sécurité ; lorsque ce droit n’est pas respecté, le risque d’actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements augmente considérablement. »Depuis la mi-août, les autorités bahreïnites ont procédé à de nombreuses arrestations ayant un lien, pour la plupart, avec les manifestations et les émeutes dans les villes et villages à prédominance chiites. Elles ont refusé d’indiquer le nombre exact de personnes arrêtées. Nombre de ceux qui ont été arrêtés sont des militants de l’opposition et des personnes ayant critiqué la famille royale. Il s’agit notamment de membres d’Al Haq, mouvement d’opposition chiite interdit.Lors d’une première vague d’arrestations, 21 militants politiques et défenseurs des droits humains chiites de renom ont été arrêtés et inculpés de terrorisme et de complot visant à renverser le gouvernement.  Pendant les premières semaines, ces personnes ont été détenues au secret mais certaines ont été autorisées à recevoir la visite de membres de leur famille. Ces détenus n’ont été autorisés à voir leurs avocats qu’au moment d’être présentés au procureur général ; ils n’ont cependant pas été autorisées à s’entretenir avec eux. Les avocats ont indiqué que plusieurs détenus avaient dit au procureur général qu’ils avaient été torturés et soumis à d’autres formes de mauvais traitements en détention.  Mohammad Habib al Miqdad, par exemple, se serait plaint auprès du procureur le 28 août d’avoir été suspendu par les poignets pendant plusieurs heures et roué de coups de poing. Cet homme est toujours en prison et aucune enquête indépendante ne semble avoir été menée sur ses allégations. « Les autorités de Bahreïn doivent faire en sorte qu’une enquête exhaustive et indépendante soit menée sur les allégations de torture et de mauvais traitements, allégations qui jettent une ombre sur le bilan du pays en matière de droits humains », a déclaré Malcolm Smart. En septembre, dans un climat de tensions croissantes, le gouvernement a suspendu le comité directeur de l’Association bahreïnite des droits humains (BHRS), dûment enregistrée, l’accusant d’« irrégularités juridiques et administratives » et de coopération avec des « organisations illégales », après que l’association eut publiquement reproché au gouvernement d’avoir violé les droits fondamentaux des 23 personnes arrêtées en août. « Les autorités bahreïnites doivent maintenant lever les restrictions, et autoriser les organisations et les personnes qui défendent les droits humains à mener librement leurs activités dans le pays », a conclu Malcolm Smart. Le gouvernement bahreïnite a interdit la publication de toute information en lien avec les arrestations et les placements en détention d’août, interdiction assortie d’une peine pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement pour les contrevenants.