Inde : les autorités doivent enquêter sur une vidéo diffusée sur Internet et montrant des détenus cachemiris maltraités

Amnesty International a exhorté les autorités indiennes à mener une enquête efficace sur une vidéo qui semble montrer des détenus en train d’être déshabillés et humiliés par des membres des forces de sécurité au Cachemire. Apparemment, cette vidéo de trois minutes, décrite sur les réseaux sociaux en ligne comme la « vidéo d’Abou Grahib du Cachemire », montrerait des policiers et des membres des Forces centrales de réserve de la police en train de conduire au moins quatre jeunes hommes nus vers un poste de police tout proche. « Ce comportement bafoue clairement le droit universel et absolu de ne pas être soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, » a déclaré Donna Guest, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Cette vidéo, qui aurait été filmée par l’un des membres des forces de sécurité, a depuis été supprimée des sites de réseaux sociaux, y compris de Facebook et YouTube : la police de l’État de Jammu-et-Cachemire aurait, semble-t-il, engagé des poursuites contre les personnes qui ont diffusé ce que les autorités ont décrit comme un « enregistrement sans fondement et malveillant ». On ignore de quand exactement date cette vidéo, mais il semble qu’elle ait été filmée à Sopur, une ville du nord-ouest de l’État. La conversation en hindi et ourdou ainsi enregistrée suggère que les membres des forces de sécurité soupçonnaient les jeunes hommes d’avoir lancé des pierres contre les forces de l’ordre et les avaient rattrapés à l’issue d’une longue poursuite. Amnesty International a à maintes reprises reçu des informations faisant état d’actes de torture et de mauvais traitements infligés aux détenus dans plusieurs postes de police et centres d’interrogation de l’État de Jammu-et-Cachemire. Ces informations indiquent souvent que des hommes seraient entièrement déshabillés et humiliés par des membres des forces de sécurité. Une nouvelle loi qui érigerait la torture en infraction est actuellement débattue au Parlement indien et le ministre indien des Affaires intérieures, P. Chidambaram, a déclaré que cette vidéo ferait l’objet d’une enquête. Cependant, dans une déclaration à un média local, la police de l’État de Jammu-et-Cachemire a indiqué qu’une plainte officielle avait été déposée contre les personnes qui ont diffusé le film.  « La démarche de la police locale est très préoccupante. Plutôt que d’enquêter et d’identifier les personnes responsables de ce traitement humiliant, la police semble plus inquiète de savoir qui a mis cette vidéo sur Internet et l’a faite circuler, » a déclaré Donna Guest. « Les autorités indiennes et celles de l’État de Jammu-et-Cachemire doivent veiller à ce que le contenu de cette vidéo fasse l’objet d’une enquête indépendante, impartiale et efficace. Tout haut responsable soupçonné d’avoir commis une infraction impliquant une violation des droits humains doit être traduit en justice dans le cadre d’un procès équitable. »