Le gouvernement de Bahreïn doit mettre fin à toute ingérence dans les activités d’une organisation de défense des droits humains

Amnesty International invite le gouvernement de Bahreïn à revenir sur sa décision de suspendre le comité directeur d’une éminente organisation de défense des droits humains, après qu’elle a dénoncé les violations qu’auraient infligées les autorités à des militants de l’opposition et des défenseurs des droits humains appartenant à la communauté chiite. Le ministère du Développement social a annoncé mercredi 8 septembre 2010 qu’il avait renvoyé tous les membres du comité directeur de l’Association bahreïnite des droits humains et nommé l’un de ses propres fonctionnaires au poste d’« administrateur provisoire ». « En suspendant le comité directeur de l’Association bahreïnite des droits humains et en nommant son propre représentant, le gouvernement a dans les faits pris le contrôle de l’association, avec l’intention manifeste de la fermer, a indiqué Malcolm Smart d’Amnesty International. « Cette mesure foule aux pieds les droits fondamentaux à la liberté d’expression et d’association et le gouvernement doit annuler sa décision immédiatement. » Cette suspension s’inscrit dans la politique de plus en plus répressive des autorités à l’égard des militants de l’opposition chiite et des défenseurs des droits humains à l’approche des élections parlementaires prévues en octobre. Ali Abdulemam, militant et blogueur de renom, a été arrêté par l’Agence pour la sécurité nationale (NSA) dimanche 5 septembre pour avoir soi-disant diffusé de « fausses informations » sur le portail bahrainonline.org. Au mois d’août, 21 militants politiques et défenseurs des droits humains chiites de renom ont été arrêtés et inculpés de terrorisme et de complot visant à renverser le gouvernement. Deux autres hommes qui résident à Londres ont été inculpés en leur absence. Dans sa déclaration du 8 septembre, le ministère du Développement social a accusé l’Association bahreïnite des droits humains d’« irrégularités juridiques et administratives » et de coopération avec des « organisations illégales ». Le ministère a aussi accusé l’association de se préoccuper d’« une seule catégorie de Bahreïnites », au lieu de rendre compte de manière impartiale de ce que vivent tous les groupes de la société. Cette déclaration semble faire référence à une conférence de presse tenue par l’association le 28 août pour faire part de ses inquiétudes concernant les militants interpellés au mois d’août. Elle avait demandé que les droits humains des 21 détenus soient respectés et attiré l’attention sur des allégations selon lesquelles certains d’entre eux avaient été torturés ou maltraités après leur arrestation. Elle préconisait également la tenue d’une enquête indépendante et condamnait certains médias locaux qui avaient dénigré les accusés, les présentant comme des ennemis de l’État. Par ailleurs, le Centre bahreïnite des droits humains, autre organisation qui défend les droits fondamentaux, a été interdit par le gouvernement en 2004. Son directeur, Nabeel Rajab, a été victime d’un harcèlement appuyé et d’une campagne de dénigrement dans les médias. Les organisations indépendantes de défense des droits humains et les organisations non gouvernementales (ONG) en général doivent obtenir la reconnaissance officielle des autorités bahreïnites afin de mener leurs activités en toute légalité. Cependant, la loi confère aux autorités le pouvoir d’interdire ou de suspendre les organisations ou de s’ingérer dans leurs affaires internes en nommant un représentant du gouvernement à leur tête. « L’Association bahreïnite des droits humains étant une ONG indépendante dûment enregistrée, elle doit pouvoir poursuivre son travail en faveur des droits humains librement et sans ingérence du gouvernement bahreïnite », a conclu Malcolm Smart.