La décision de poursuivre un défenseur mexicain des droits des indigènes est condamnable

Amnesty International déplore la décision des autorités mexicaines de continuer les poursuites lancées contre Raúl Hernández, défenseur des droits humains, pour un meurtre qu’il n’a pas commis, après qu’un procureur de l’État de Guerrero ait décidé le 7 août de ne pas abandonner lesdites poursuites.Le parquet de l’État de Guerrero a maintenu les accusations de meurtres portées contre Raúl Hernández, bien que les éléments de preuve les étayant soient peu fiables, voire inventés. Le juge chargé de l’affaire devrait le déclarer innocent ou coupable dans les jours qui viennent.« La décision de maintenir des accusations de meurtre forgées de toutes pièces contre Raúl Hernández s’inscrit dans la campagne menée systématiquement par les autorités mexicaines contre les membres de cette minorité indigène qui se battent pour les droits de leur peuple », a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International.Amnesty International agit en faveur de la libération de Raúl Hernández depuis novembre 2008, époque à laquelle l’organisation l’a adopté comme prisonnier d’opinion.Raúl Hernández a été arrêté et accusé à tort du meurtre d’Alejandro Feliciano García le 1er janvier 2008 dans le village d’El Camalote, dans l’État de Guerrero.Les déclarations de témoins oculaires indiquant qu’il n’était pas présent au moment du meurtre n’ont cependant pas été prises en compte.Au cours de l’enquête pénale, le juge a procédé à un examen de la scène du crime, qui a confirmé que la déclaration d’un témoin oculaire selon laquelle Raúl Hernández était présent sur les lieux au moment du meurtre n’était ni fiable ni fondée.Amnesty International estime que les poursuites intentées contre Raúl Hernández sont un moyen pour les autorités de le punir pour ses activités légitimes visant à faire progresser les droits des indigènes par le biais de l’Organisation du peuple indigène me’phaa (OPIM) et à dénoncer les violations perpétrées par des responsables politiques de la région, l’armée et les autorités.Près de 116 000 indigènes me’phaa vivent dans l’État de Guerrero, dans le sud du pays. Cet État affiche un taux de marginalisation parmi les plus forts et des indicateurs de développement humain parmi les plus faibles de tout le Mexique, d’après le Centre des droits humains de la montagne Tlachinollan, une organisation locale.L’OPIM a été fondée en 2002 dans le but de défendre et de promouvoir les droits des indigènes me’phaa.« Les autorités utilisent souvent le système de justice à mauvais escient dans le but de sanctionner ceux qui œuvrent en faveur du respect des droits des communautés marginalisées et osent dénoncer les atteintes aux droits humains. Il est grand temps que Raúl Hernández soit relâché », a ajouté Kerrie Howard.Au fil des années, Amnesty International a recueilli des informations indiquant que les membres d’organisations de défense des droits des indigènes telles que l’OPIM font systématiquement l’objet de manœuvres de harcèlement et d’intimidation dans l’État de Guerrero.Des militants d’Amnesty International du monde entier demandent la libération immédiate et sans condition de Raúl Hernández, afin qu’il puisse poursuivre son travail de défense des droits de sa communauté.