Les destructions de logements palestiniens par Israël s’intensifient

Amnesty International appelle les autorités israéliennes à mettre un terme aux démolitions de maisons et d’autres bâtiments palestiniens en Cisjordanie, mercredi 21 juillet, après la destruction de 74 logements et structures diverses dans la vallée du Jourdain un peu plus tôt dans la semaine. L’armée israélienne a procédé à ces démolitions lundi 19 juillet, dans les villages de Hmayyir et Ein Ghazal, situés dans la région de al Farisiya. Cent-sept personnes, dont 52 enfants, ont ainsi été déplacées de force. D’après les données des Nations unies, au moins 198 structures palestiniennes de Cisjordanie ont été détruites cette année, provoquant le déplacement forcé de près de 300 Palestiniens, dont la moitié étaient mineurs, et entrainant des conséquences diverses pour 600 autres. « Ces récentes démolitions attisent la crainte qu’il ne s’agisse d’une stratégie du gouvernement israélien visant à chasser la population palestinienne de la partie de la Cisjordanie connue sous le nom de zone C, sur laquelle Israël exerce un contrôle total en matière de planification et de construction », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Parmi les structures détruites par l’armée israélienne le 19 juillet se trouvaient des tentes résidentielles, des cuisines et des installations sanitaires indépendantes, des bâtiments agricoles et de abris utilisés pour le bétail. Des réservoirs d’eau ont été endommagés, de même du fourrage destiné au bétail et du blé destiné à la consommation humaine. Ces démolitions ont eu lieu trois semaines après que l’armée eût délivré des ordonnances d’expulsion dans le village. Les habitants s’étaient vu signifier qu’ils avaient 24 heures pour quitter les lieux. Contrairement à de nombreuses autres régions de la vallée du Jourdain, les communautés de Hmayyir et Ein Ghaza avaient jusque là été épargnées par les démolitions. Selon les médias palestiniens et israéliens, un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré que les expulsions avaient été ordonnées parce que les maisons se trouvaient dans une « zone militaire fermée ». Une grande partie de la vallée du Jourdain, dans la Cisjordanie occupée, est aujourd’hui considérée comme une « zone militaire fermée » par l’armée israélienne ou occupée par quelque 36 colonies israéliennes. Dans une « zone militaire fermée », construction et développement sont interdits aux Palestiniens. Le 24 juin, des ordonnances d’expulsion avaient également été remises par l’armée israélienne à deux familles (15 personnes, dont 5 enfants) vivant dans le village de Ein el Hilweh, dans le nord de la vallée du Jourdain, et un ordre de démolition avait été délivré contre un bâtiment destiné à abriter du bétail dans le village de Ein el Beida, tout proche. Ces deux villages se trouvent dans la zone C. Ces structures n’ont pas encore été démolies. Le 15 juillet, deux bâtiments situés au sud-ouest d’Hebron, dans la zone C, en Cisjordanie, ont été détruits. D’après un rapport paru dans le quotidien israélien Haaretz le 19 juillet, les autorités militaires israéliennes présentes en Cisjordanie agiraient selon les ordres du gouvernement, qui souhaite intensifier la répression contre ce qu’il considère être des constructions « illégales » dans la zone C. Aux termes des accords d’Oslo, la zone C, qui représente plus de 60 % de la Cisjordanie, est totalement placée sous l’autorité d’Israël, tant pour la sécurité que pour les affaires civiles. Les quelque 150 000 Palestiniens qui y résident subissent des restrictions draconiennes touchant à la construction d’habitations et à leur liberté de mouvement. Les habitants palestiniens n’ont aucun représentant au sein des institutions de planification de la zone C, et ils ne disposent que de moyens extrêmement limités pour protester contre les expulsions et les démolitions. « Le système actuel qui prévoit que l’armée israélienne seule décide de ce que les Palestiniens peuvent ou ne peuvent pas construire sur la majorité des terres occupées de Cisjordanie est inacceptable, a déclaré Philip Luther. Les décisions relatives à la planification et à la construction devraient être confiées aux communautés palestiniennes locales. »