La Russie doit protéger deux frères détenus et torturés en Ingouchie

Amnesty International appelle les autorités russes à autoriser deux frères qui semblent subir des actes de torture durant leur garde à vue en Ingouchie, dans le Caucase du Nord, à recevoir immédiatement un soutien juridique. D’après leur famille, Beslan et Adam Tsetchoïev ont été arrêtés la semaine du 7 juin, lorsque plusieurs dizaines d’hommes masqués en uniforme ont effectué une descente chez eux. Depuis, ils sont tous deux détenus au secret. Beslan Tsetchoïev présente de graves blessures à la tête et dans le dos, ce qui a suscité des allégations selon lesquelles il aurait été battu au poste de police où il est détenu avec son frère. « Des éléments extrêmement probants indiquent que ces hommes ont été torturés pendant leur garde à vue et les autorités ingouches doivent veiller à ce qu’ils soient protégés contre toute nouvelle atteinte. À cet égard, il est essentiel qu’ils puissent consulter leurs avocats, » a déclaré Andrea Huber, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale au sein d’Amnesty International. « Les allégations de torture doivent faire l’objet d’une enquête exhaustive de la part des autorités russes. » D’après des membres de la famille qui se sont entretenus avec Amnesty International, une descente a été effectuée le 8 juin chez les deux hommes par un groupe d’hommes parlant ingouche et russe. Selon certaines informations, ces hommes ont fouillé la maison sans décliner leur identité ni présenter de mandat de perquisition avant de produire une grenade qu’ils disaient avoir trouvée sur place. Beslan et Adam Tsetchoïev ont été emmenés sans autre explication. Leur famille affirme que la grenade a été placée dans la maison par les hommes venus fouiller les lieux. Quelques heures après l’arrestation des deux hommes, une ambulance a été appelée au poste de police de Malgobek. Le rapport médical établi à la suite de cette intervention confirme que Beslan Tsetchoïev présentait de graves blessures à la tête et dans le dos. Une ambulance a de nouveau été appelée le 11 juin. Malgré de multiples tentatives, ni la famille des deux hommes, ni leurs avocats, ni aucun haut responsable ingouche chargé des droits humains n’ont pu établir le moindre contact avec les détenus. Le responsable du poste de police de Malgobek aurait déclaré que les deux frères étaient en détention pour avoir résisté à des actions légales menées par des agents des forces de l’ordre. D’après l’avocat et la famille des deux frères, il n’a pas mentionné la grenade qui aurait été trouvée dans la maison. Plusieurs allégations d’actes de torture et d’autres mauvais traitements commis par des agents des forces de l’ordre sur l’ensemble du territoire russe sont parvenues à Amnesty International. Selon certaines informations, les hommes appartenant aux ethnies tchétchène et ingouche sont particulièrement visés dans la région du Caucase du Nord : certains détenus sont torturés ou maltraités afin de les pousser à « avouer » ou à incriminer d’autres suspects. Depuis 2007, la situation en matière de sécurité se dégrade en Ingouchie, une république de 500 000 habitants située entre la Tchétchénie et l’Ossétie du Nord. Le nombre d’attaques de groupes armés illégaux visant des représentants du gouvernement et des civils a augmenté.