Le journaliste iranien lauréat d’un prix a été libéré sous caution

Amnesty International a appelé les autorités iraniennes à abandonner toutes les poursuites engagées contre l’éminent journaliste et militant des droits humains Emadeddin Baghi, à la suite de sa mise en liberté sous caution mercredi.Le lauréat en 2009 du prix Martin Ennals, décerné à des défenseurs des droits humains, était détenu depuis son arrestation en décembre de cette même année.Il était incarcéré à la prison d’Evin à Téhéran et il a été remis en liberté contre le paiement d’une caution de 200 millions de tomans (environ 163 000 euros).Il fait cependant l’objet de nouvelles poursuites pour « propagande contre l’État » et « collusion en vue de porter atteinte à la sécurité nationale ». Ces accusations sont liées à un entretien qu’il a eu il y a deux ans avec le grand ayatollah Montazeri, qui était très critique à l’égard du régime et qui est depuis décédé.Il doit répondre de ces nouvelles accusations devant un tribunal le 7 juillet. Il est également poursuivi dans plusieurs autres affaires. S’il est condamné et emprisonné, Amnesty International le considérera alors comme un prisonnier d’opinion.« La libération d’Emadeddin Baghi représente un petit pas en avant en matière de lutte contre l’injustice. Malheureusement, des centaines d’autres personnes restent emprisonnées et Emadeddin Baghi risque toujours d’être renvoyé dans la tristement célèbre prison d’Evin, où de nombreux militants des droits humains sont incarcérés, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.« Emadeddin Baghi a de nombreuses fois été arrêté en raison de son travail puis relâché. Les conditions assortissant sa libération doivent toutes être annulées, et les poursuites engagées contre lui doivent être abandonnées. »Emadeddin Baghi a été arrêté le lendemain des manifestations de masse contre le gouvernement qui ont eu lieu à Téhéran et dans d’autres villes en décembre 2009 pendant la fête chiite de l’Achoura.Quelques jours auparavant, la chaîne de télévision de la BBC qui émet en persan avait diffusé, à l’occasion de la mort du grand ayatollah Montazeri en décembre, l’entretien avec Emadeddin Baghi enregistré deux ans plus tôt.Les journalistes ont été la cible de vagues d’arrestation en Iran à la suite des manifestations postélectorales de 2009 ; ceux qui ont été arrêtés ont souvent été détenus à l’isolement sans inculpation ni jugement. « La répression exercée par les autorités iraniennes contre les journalistes et les militants des droits humains depuis l’élection présidentielle contestée de 2009 vise manifestement, en vain, à réprimer toute contestation et à occulter les innombrables atteintes aux droits humains, a expliqué Hassiba Hadj-Sahraoui.« L’Iran doit mettre fin au harcèlement exercé contre les défenseurs des droits humains et à la répression pénale des activités de défense de droits humains. »Plus de 100 journalistes considérés comme des « réformistes » auraient été arrêtés à la suite des manifestations de 2009. Au moins 40 d’entre eux sont toujours détenus, emprisonnés ou libérés de manière provisoire et exposés au risque d’une réincarcération. D’autres sont en liberté sous caution dans l’attente de leur procès.De nouvelles arrestations sont souvent signalées, ainsi que des interdictions de publications. Au cours d’une précédente période d’emprisonnement en 2007-2008 des agents de l’administration pénitentiaire avaient retardé l’administration des soins médicaux dont Emadeddin Baghi avait pourtant besoin d’urgence.Il avait finalement obtenu une permission de sortie pour raisons médicales, mais il souffre toujours de troubles, notamment rénaux et vésicaux, consécutifs au traitement qui lui a été infligé. Avant sa libération en 2008, Emadeddin Baghi avait eu trois attaques et une crise cardiaque. Emadeddin Baghi a été plusieurs fois arrêté et emprisonné en raison de ses activités de militant des droits humains et de journaliste en Iran. Il a été emprisonné en 2007 après avoir été déclaré coupable de « publication d’informations mensongères » et de « mise en danger de la sécurité nationale » après la publication de son livre intitulé The Tragedy of Democracy in Iran. Il a en outre passé trois ans en prison entre 2000 et 2003 après sa condamnation pour « agissements contre la sécurité nationale » en raison de ses articles portant sur ce que l’on appelle maintenant les meurtres en série d’intellectuels dissidents commis en Iran à la fin des années 1990, que le gouvernement a par la suite attribués à des « éléments dévoyés » du ministère du Renseignement.Emadeddin Baghi a fondé, outre l’Association pour la défense des droits des prisonniers, une autre organisation non gouvernementale, la Société des gardiens du droit à la vie, qui milite contre la peine de mort en Iran.