L’ONU doit enquêter sur les atteintes aux droits humains commises au Sri Lanka

Les Nations unies doivent mener une enquête indépendante sur les violations massives des droits humains commises tant par les forces gouvernementales sri-lankaises que par les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE) au cours de la guerre civile, a déclaré Amnesty International à l’occasion du 1er anniversaire de la fin du conflit. L’inaction n’a pas permis aux victimes d’atteintes aux droits humains d’obtenir justice, vérité et réparations, tandis que des centaines de milliers de Sri-Lankais déplacés à la fin d’un conflit qui a duré plusieurs décennies se morfondent dans des camps ou luttent pour reconstruire leurs communautés brisées. « Les Nations unies n’ont jamais révélé ce qu’elles savaient au sujet des derniers jours du conflit, n’ont pas reconnu l’ampleur des violences perpétrées, ni fait pression pour que les responsables présumés aient à rendre compte de leurs actes, a déclaré Madhu Malhotra, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. « À la fin de la guerre, les atrocités commises contre les civils et les combattants ennemis semblent avoir été attisées par le sentiment que le fait de violer la loi n’aurait pas vraiment de conséquences à l’échelon international. » Au lieu d’enquêter et de poursuivre les responsables présumés des atteintes aux droits humains commises durant la guerre et d’offrir des réparations aux victimes, depuis un an, le gouvernement sri-lankais emprisonne ses détracteurs et réprime la dissidence. « Plusieurs milliers de civils sont morts. Cependant, face aux tentatives du gouvernement d’occulter l’ampleur des violences en interdisant toute surveillance indépendante, les victimes pourraient bien se compter en dizaines de milliers », a poursuivi Madhu Malhotra. Depuis un an, la situation des civils pris au piège dans le conflit ne montre aucun signe d’amélioration :

Quelque 80 000 personnes se trouvent toujours dans les camps et les financements pour leur venir en aide s’étiolent.Le reste des 300 000 civils déplacés qui tentent de se réinstaller demeurent vulnérables et luttent pour survivre dans des villages où les habitations et les infrastructures ont été détruites.Des milliers de personnes arrêtées en raison de leurs liens présumés avec les LTTE sont toujours derrière les barreaux, sans être déférées devant les tribunaux.Le gouvernement ne cesse d’élargir le champ d’application de l’état d’urgence, restreignant nombre de droits fondamentaux et la liberté d’expression.Aucune mesure d’envergure n’a été prise en vue d’enquêter sur les informations faisant état de crimes de guerre.

Le Sri Lanka n’a pas ratifié le Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Aussi la Cour ne peut-elle agir contre les personnes accusées d’atteintes aux droits humains sans que la situation ne lui soit déférée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Mais le Conseil de sécurité n’a pas même débattu publiquement de l’impunité au Sri Lanka, tandis que le Conseil des droits de l’homme est allé jusqu’à adopter une résolution louant les efforts du gouvernement sri-lankais à la fin du conflit, en occultant le besoin de justice et de réparations. L’absence de réaction s’explique en partie par la vive opposition à une intervention internationale manifestée par les alliés du gouvernement du Sri Lanka, dont la Chine, l’Inde et les membres du Mouvement des non-alignés. À l’occasion de ce 1er anniversaire de la fin de la guerre, Amnesty International attire l’attention du monde entier sur l’impunité qui perdure au Sri Lanka et demande que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles. Dans le monde entier, des membres de l’organisation mettront sur pied des événements ce lundi 17 mai 2010 et les semaines suivantes.   Depuis des décennies, les forces du gouvernement du Sri Lanka et leurs alliés politiques armés bafouent les droits humains en toute impunité, se livrant à des exécutions extrajudiciaires et à des disparitions forcées, et torturant les Tamouls soupçonnés d’entretenir des liens avec les LTTE. Les LTTE ont quant à eux mené sans discrimination des attentats-suicides contre des cibles civiles, comme des gares routières et ferroviaires, assassiné des hommes politiques et des détracteurs, et recruté de force des enfants soldats. Les violations des droits humains et du droit humanitaire ont connu leur paroxysme dans les derniers mois du conflit, lorsque près de 300 000 civils déplacés ont été pris au piège entre les deux belligérants. Au fur et à mesure que leurs troupes s’amenuisaient au fil des combats, les LTTE accéléraient la conscription d’enfants soldats. Ils se sont servis de civils comme de boucliers humains face à l’offensive de l’armée sri-lankaise et ont abattu ceux qui tentaient de s’enfuir. Le gouvernement sri-lankais a instauré une zone dite « protégée » et y a envoyé les civils, mais les tirs d’artillerie se sont plus tard abattus sur ces régions. Plusieurs milliers de personnes ont trouvé la mort. Des hôpitaux ont été bombardés ; des patients et des membres du personnel ont été tués et blessés. Les survivants ont été retenus dans d’énormes camps pour personnes déplacées gérés par l’armée, où ils sont arrivés blessés, affamés et malades. Demandez à l’ONU d’enquêter sur les atteintes aux droits humains commises au Sri Lanka