Le gouvernement vénézuélien prend délibérément pour cibles les opposants

En réaction à une série d’arrestations à caractère politique, Amnesty International a exhorté les autorités vénézuéliennes à cesser de s’en prendre à ceux qui critiquent le gouvernement. Rien qu’en mars, au moins trois personnes considérées comme opposées au président Hugo Chávez ont été arrêtées et inculpées. « L’inculpation pour des raisons politiques de personnes critiquant les autorités est utilisée pour réduire au silence l’opposition et empêcher d’autres personnes de s’exprimer, a déclaré Guadalupe Marengo, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International. Le président Chávez doit cesser de persécuter ceux qui pensent différemment ou critiquent ouvertement le gouvernement. » Oswaldo Álvarez Paz, ancien gouverneur de l’État de Zulia, a été arrêté le 22 mars après avoir dit lors d’une interview que le Venezuela était devenu un paradis pour le trafic de stupéfiants et avoir fait état des accusations d’un tribunal espagnol selon lesquelles le gouvernement soutiendrait des groupes armés d’opposition. L’ancien gouverneur est détenu à l’Helicoide, siège des services de renseignements vénézuéliens. Wilmer Azuaje, député et critique du président Chávez, a été arrêté quant à lui le 25 mars. Accusé d’avoir insulté et frappé une policière, il a été libéré depuis lors mais risque des poursuites. Guillermo Zuloaga, propriétaire de la chaîne de télévision Globovisión, a été arrêté également le 25 mars. Il a été inculpé de diffusion d’informations mensongères et de diffamation à l’égard du président lors de déclarations faites à une réunion récente de l’Association interaméricaine de la presse à Aruba. Il a été libéré mais risque aussi des poursuites. En décembre 2009, la juge Maria Lourdes Afiuni a été arrêtée et inculpée de complicité dans la fuite d’un ancien banquier parce qu’elle avait ordonné sa libération. Richard Blanco, membre d’un parti d’opposition, a été arrêté en août 2009 et inculpé d’incitation à la violence et de coups et blessures sur la personne d’un policier lors d’une manifestation. Les charges retenues contre lui se fondaient sur des images vidéo de la manifestation. À la connaissance d’Amnesty International, il n’y a rien dans ces vidéos montrant Richard Blanco incitant à la violence ou blessant un membre de la police. Le gouvernement vénézuélien semble avoir mis en place ces dernières années un système de répression de l’opposition en ayant recours à des moyens législatifs et administratifs pour réduire au silence et harceler les personnes qui le critiquent. Le fait que des lois soient utilisées pour justifier ce qui semble être essentiellement des inculpations à caractère politique témoigne d’une volonté délibérée du gouvernement vénézuélien de prendre pour cible les opposants. La Cour interaméricaine des droits de l’homme a statué que l’arrestation de Guillermo Zuloaga mettait en évidence le manque d’indépendance du pouvoir judiciaire et l’utilisation de la justice pénale pour punir la critique, avec pour effet d’intimider le reste de la société. À la suite de l’arrestation de la juge Maria Lourdes Afiuni, des spécialistes des Nations unies ont déclaré que les représailles pour l’exercice de fonctions garanties constitutionnellement et l’établissement d’un climat de peur au sein de la magistrature et du barreau ne faisaient que saper l’état de droit et empêcher que la justice soit rendue. En janvier, lorsque la RCTV et d’autres chaînes de télévision ont été interdites de diffusion, le Parlement européen a déclaré que la Commission nationale des télécommunications devait faire la preuve de son indépendance vis à vis des autorités politiques et économiques et veiller au respect d’un pluralisme équitable.