Somalie : le groupe armé al Shabab doit libérer un défenseur des droits humains

Le groupe armé d’opposition somalien al Shabab doit libérer immédiatement un défenseur des droits humains capturé la semaine dernière et mettre un terme à ses attaques incessantes contre les militants, a déclaré Amnesty International lundi 19 avril 2010. Alin Hilowle Hassan, qui dirige Isha, une organisation de défense des droits humains située dans la région de Bay et Bakool, dans le sud de la Somalie, a été enlevé à son domicile dans la soirée du 16 avril par des membres armés d’al Shabab à Baidoa, la capitale de la région. « Les attaques des membres d’al Shabab contre des défenseurs des droits humains et des journalistes visent à passer sous silence toute information concernant les violations flagrantes des droits humains qu’ils infligent à la population civile, a indiqué Michelle Kagari, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International. Al Shabab doit immédiatement libérer le défenseur des droits humains Alin Hilowle Hassan et veiller à ce qu’il ne soit pas torturé ni maltraité. » Al Shabab aurait refusé d’autoriser des proches d’Alin Hilowle, 47 ans, à lui rendre visite à la prison centrale de Baidoa. Le groupe contrôle cette ville depuis janvier 2009. Amnesty International a depuis lors reçu des informations selon lesquelles Alin Hilowle Hassan aurait été transféré dans l’un des quartiers de la capitale Mogadiscio sous contrôle d’al Shabab. À Baidoa, lorsqu’ils ont fait irruption chez lui, les membres d’al Shabab à ont également saisi son ordinateur et une clé USB qui contenaient des informations liées aux activités d’Isha. Avant son enlèvement, al Shabab avait accusé l’organisation de défense des droits humains Isha d’espionner pour le compte de puissances étrangères et avait déjà saisi des équipements dans ses bureaux de Baidoa. « Les groupes armés d’opposition continuent d’intimider les militants de la société civile somalienne, a indiqué Michelle Kagari. Al Shabab, entre autres, doit respecter le droit de tous les Somaliens à la liberté d’expression et mettre fin à la politique de répression et de peur qu’elle fait subir aux militants des droits humains et aux journalistes. » Le 3 avril, le groupe armé d’opposition Hizbul Islam a ordonné aux stations de radio de ne plus diffuser de musique, faisant valoir que c’était contraire à l’islam. Le 9 avril, al Shabab a interdit à la BBC et à VOA de diffuser dans les zones qu’il contrôle, au motif qu’elles sont opposées à une « administration islamique », et a saisi les antennes paraboliques et les émetteurs FM de la BBC. La plupart des stations de radio ont renoncé à retransmettre les programmes de la BBC et à diffuser de la musique, par peur de représailles de la part des groupes armés d’opposition. En Somalie, au cours des trois dernières années, les défenseurs des droits humains et les journalistes ont été victimes d’homicides ciblés, de menaces de mort, d’enlèvements et d’agressions. De nombreux militants de la société civile ont été contraints à l’exil en raison de ces menaces, tandis que ceux qui ont préféré rester en Somalie courent de graves dangers. « La société civile somalienne a besoin d’être protégée maintenant, a conclu Michelle Kagari. La communauté internationale ne doit plus attendre pour remédier à l’impunité généralisée qui sévit en Somalie. » Al Shabab contrôle actuellement de vastes zones du sud et du centre de la Somalie, notamment des grandes villes telles que Merka, Kismayo et Baidoa, ainsi que des quartiers de la capitale Mogadiscio.   Le gouvernement fédéral de transition de la Somalie, soutenu par la communauté internationale, n’exerce son autorité que sur une partie de la capitale et est régulièrement attaqué par al Shabab et d’autres groupes armés. Les groupes armés de la mouvance al Shabab sont issus de l’Union des tribunaux islamiques, un mouvement qui avait provisoirement pris le contrôle de Mogadiscio et d’autres zones en 2006.   L’Union des tribunaux islamiques a été militairement défaite par les troupes éthiopiennes qui sont intervenues en Somalie à la fin de l’année 2006 pour soutenir le gouvernement fédéral de transition.   Après la nomination de Sheikh Sharif Sheikh Ahmed, ancien dirigeant de l’Union des tribunaux islamiques, à la présidence du gouvernement fédéral de transition en janvier 2009 et le retrait de Somalie des troupes éthiopiennes, al Shabab et d’autres groupes armés ont continué à lutter contre le gouvernement, affirmant qu’il était allié aux nations occidentales.