L’Irak exhorté à enquêter sur les allégations concernant une prison secrète

Amnesty International demande aux autorités irakiennes d’enquêter sur des allégations selon lesquelles les forces de sécurité ont torturé des centaines de détenus sunnites dans une prison secrète à Bagdad. Des inspecteurs rattachés au ministère irakien des Droits humains ont déclaré dimanche 18 avril que plus de 100 des 431 personnes incarcérées dans ce lieu de détention ont été torturées ; elles ont subi des coups, des décharges électriques et des simulacres d’étouffement effectués à l’aide de sacs en plastique. Des détenus auraient indiqué qu’un homme était mort des suites d’actes de torture en janvier. Amnesty International a exprimé sa préoccupation après que Nouri al Maliki, le Premier ministre, eut affirmé qu’il n’était pas au fait des abus commis dans cette prison, qu’il a par ailleurs promis de fermer. « L’existence de prisons secrètes indique que des unités militaires sont autorisées en Irak à perpétrer des violations des droits humains sans avoir de comptes à rendre », a déploré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Le fait que le Premier ministre al Maliki dise ne pas avoir eu connaissance de ces violations ne saurait décharger les autorités de leurs responsabilités et du devoir qui leur est fait de veiller à la sécurité des détenus. » Les prisonniers concernés ont été arrêtés par les forces irakiennes dans la province de Nineveh en octobre dans le cadre d’une opération visant des combattants sunnites présumés. Les forces de sécurité irakiennes auraient obtenu un mandat pour le transfert de ces hommes vers Bagdad, où ils ont été placés à l’isolement dans un lieu de détention secret à l’ancien aéroport d’al Muthanna ; ce lieu de détention est dirigé par la Brigade Bagdad – une unité spéciale se trouvant sous le commandement direct du bureau du Premier ministre. En mars, leur lieu de détention a été révélé après que des proches de ces hommes se furent inquiétés de leur disparition. « Le gouvernement de Nouri al Maliki s’est à plusieurs reprises engagé à enquêter sur les actes de torture et autres graves atteintes aux droits humains perpétrés par les forces irakiennes de sécurité, mais aucun résultat n’a pour l’instant été rendu public », a ajouté Hassiba Hadj Sahraoui. « Cela favorise la généralisation de la culture de l’impunité mais cette fois-ci, il faut que l’Irak enquête rigoureusement sur les allégations de torture et traduise en justice les auteurs présumés de ces violations. » Des représentants des autorités ont dit que 75 prisonniers ont déjà été libérés de cette prison secrète, tandis que 275 ont été transférés dans des prisons normales. En 2005, 168 détenus vivant dans conditions épouvantables ont été découverts dans un centre de détention secrète dans le quartier d’al Jadiriya, à Bagdad. Les résultats de l’enquête ouverte peu après n’ont jamais été rendus publics et personne n’a été poursuivi pour les violations commises dans cette prison.