Alors que la répression contre les journalistes s’intensifie, il est demandé à Cuba de respecter la liberté de la presse

Le 30 avril, Amnesty International a demandé aux autorités cubaines de mettre un terme aux manœuvres de harcèlement visant les journalistes indépendants, plusieurs reporters ayant été victimes, au cours du mois écoulé, d’arrestations arbitraires et d’actes d’intimidation pour avoir critiqué le gouvernement. « Les journalistes qui essaient de travailler en toute indépendance, hors du système des médias d’État à Cuba, deviennent la cible de tactiques répressives et de fausses accusations – et cette politique de répression de la liberté d’expression semble s’intensifier », a déclaré Susan Lee, directrice du programme Amériques d’Amnesty International, en amont de la Journée mondiale de la liberté de la presse (3 mai).Le journaliste Calixto Ramón Martínez Arias se trouve toujours en détention, après avoir été arrêté le 23 avril par des membres des forces de sécurité qui s’étaient introduits dans la maison où il effectuait un reportage sur la commémoration du décès d’un prisonnier d’opinion. Ce dernier, Orlando Zapata Tamayo, avait perdu la vie deux mois plus tôt, après avoir fait une grève de la faim pendant plusieurs semaines afin de protester contre la situation des prisonniers d’opinion à Cuba.Un autre journaliste a qualifié la campagne d’intimidation orchestrée contre lui de « torture psychologique ». Yosvani Anzardo Hernández, directeur d’un journal en ligne indépendant, a été arrêté le 24 avril et interrogé pendant six heures au sujet de graffiti hostiles au gouvernement trouvés dans la ville de Holguín. Carlos Serpa Maceira, directeur d’une agence de presse, a quant à lui été menacé et harcelé par les autorités cubaines lorsqu’il a essayé de couvrir la marche hebdomadaire du groupe militant des Damas de Blanco (Dames en blanc) trois weekends de suite en avril. Des membres des Dames en blanc ont été harcelées et menacées de manière répétée par des partisans du gouvernement, et la police a dispersé leur manifestation dominicale par la force à au moins deux reprises. « Il ne faut pas poursuivre en justice les journalistes indépendants, les défenseurs des droits humains ou les dissidents politiques, ni les menacer ou les intimider pour avoir fait l’exercice légitime de leur liberté d’expression », a rappelé Susan Lee.Cinquante-cinq prisonniers d’opinion sont actuellement incarcérés à Cuba, la plupart d’entre eux purgeant de lourdes peines pour avoir critiqué le gouvernement cubain et défendu les droits fondamentaux. Parmi eux se trouvent plusieurs journalistes indépendants.Plusieurs articles de la Constitution et du Code pénal cubains sont si vagues que les autorités ont pu s’en servir d’une manière portant atteinte à la liberté d’expression. L’État cubain conserve également une mainmise totale sur la radio, la télévision et la presse, tandis que l’accès à Internet est fortement restreint.« Du fait de ces restrictions à la liberté d’expression, les Cubains ne peuvent partager d’informations indépendantes sans risquer d’être sanctionnés par les autorités », a ajouté Susan Lee.« Les restrictions pesant sur l’accès à Internet doivent être levées, et la censure de sites web publiant des informations et opinions contraires aux politiques gouvernementales doit être éliminée. »Amnesty International exhorte les autorités cubaines à réviser toutes les dispositions juridiques limitant illégalement la liberté d’expression, et à relâcher tous les prisonniers d’opinion immédiatement et sans condition.