L’agression d’une femme politique afghane met en lumière les risques croissants encourus par les femmes

Les coups de feu tirés sur une femme politique afghane lundi 5 avril 2010 illustrent la fragilité des modestes progrès obtenus par les femmes afghanes au lendemain de la chute des talibans, a déclaré Amnesty International jeudi 8 avril. Nida Khyani, membre du Conseil provincial, se trouve dans un état critique après qu’on lui a tiré dessus depuis un véhicule à Pul-e-Khumri, capitale de la province de Baghlan, dans le nord de l’Afghanistan. « Nida Khyani est l’une des nouvelles victimes de la violence qui cible de manière systématique les femmes participant à la vie publique en Afghanistan, a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. « Le gouvernement afghan et les troupes internationales qui le soutiennent ne protègent pas comme il se doit les femmes qui exercent des fonctions publiques et œuvrent à la défense des droits humains. La possibilité pour les femmes afghanes d’être actives à l’extérieur de leur foyer doit constituer un critère essentiel permettant d’évaluer l’efficacité du gouvernement afghan et des troupes de l’OTAN et, à cet égard, le bilan demeure plus que médiocre. » À ce jour, aucun groupe n’a revendiqué la responsabilité de cette attaque. Depuis deux ans, on constate une augmentation du nombre d’agressions ciblant les femmes afghanes qui assument des fonctions publiques, notamment dans les zones contrôlées par les talibans. En mars 2010, Fawzia Kofi, députée au Parlement national afghan, a été blessée par balles, avant d’être la cible d’une nouvelle attaque imputable à des hommes armés non identifiés alors qu’elle se rendait de Djalalabad à Kaboul. En avril 2009, Sitara Achekzai, législatrice, membre du Conseil provincial de Kandahar, a été assassinée à Kandahar. Amnesty International a reçu nombre d’autres informations faisant état d’agressions, de menaces et de mesures de harcèlement ciblant des défenseures des droits humains et des femmes politiques en Afghanistan. « Le gouvernement du président Hamid Karzaï, ainsi que les forces des États-Unis et de l’OTAN, doivent enquêter de toute urgence sur les attaques visant des militantes, afin de faire savoir qu’ils sont déterminés à protéger et promouvoir les droits des femmes afghanes », a expliqué Sam Zarifi. La Déclaration des Nations unies sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes invite les États à exercer toute la diligence requise pour prévenir et, dans le droit fil de la loi nationale, punir les actes de violence contre les femmes, après avoir mené les enquêtes nécessaires, et ce quels qu’en soient les auteurs.