Il faut mettre fin à la chasse aux sorcières dont font l’objet les médias et les ONG au Sri Lanka

Le gouvernement sri-lankais doit cesser de harceler journalistes et militants et prendre des mesures contre ceux qui les menacent, ont indiqué dans une déclaration conjointe Human Rights Watch et Amnesty International. Depuis l’élection présidentielle de janvier 2010, le gouvernement s’est lancé dans une campagne visant à faire taire et à discréditer les journalistes et les organisations non gouvernementales. Un document récemment divulgué, qui serait une liste de plus de 30 noms de  journalistes et militants placés sous surveillance par le gouvernement, fait craindre pour la sécurité de ces personnes, ont déclaré les deux organisations. « Le gouvernement du Sri Lanka mène une chasse aux sorcières soigneusement coordonnée visant à discréditer tous ceux qui se montrent critiques du gouvernement, a déclaré Brad Adams, directeur Asie de l’organisation Human Rights Watch. C’est extrêmement dangereux et irresponsable dans un pays où journalistes et militants sont souvent menacés et tués. » Le 4 mars, les directeurs de deux organisations sri-lankaises hautement respectées, Centre for Policy Alternatives (CPA) et Transparency International Sri Lanka (TISL), ont adressé une lettre conjointe au président Mahinda Rajapaksa pour lui faire part de leur profonde inquiétude à propos de la liste, publiée par la presse, de personnes qui auraient été mises sous surveillance par le gouvernement. Les directeurs du CPA et de TISL figurent parmi les personnes en tête de la liste, ce qui semble vouloir dire qu’ils font l’objet d’une surveillance particulière. L’existence de cette liste a été dévoilée en pleine campagne médiatique du gouvernement pour discréditer les organisations non gouvernementales. Dans plusieurs déclarations faites après le 20 février, des responsables du gouvernement ont lancé des accusations vagues et infondées contre des groupes divers, les accusant d’avoir tenté de « déstabiliser la démocratie » au Sri Lanka. L’inquiétude pour la sécurité des personnes qui seraient sous surveillance est d’autant plus grande qu’il y a déjà eu des menaces de mort et des agressions, soulignent les deux organisations. En septembre 2008, des inconnus ont lancé deux grenades en direction de la maison du directeur de TISL. En août 2009, le directeur du CPA a reçu une lettre anonyme le menaçant de mort. Les autorités n’ont pas identifié les auteurs de ces actes. Le CPA et TISL ont joué un rôle crucial d’observateurs lors de l’élection présidentielle de janvier ; ils ont fait état de fraudes électorales et de l’utilisation abusive par le gouvernement des ressources de l’État pour faire campagne en faveur du président sortant, Mahinda Rajapaksa. « Cela ressemble fort à des représailles contre ceux qui ont signalé des violations lors de l’élection présidentielle, a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Malgré les élections et la fin de la guerre contre les Tigres tamouls, le gouvernement semble avoir du mal à se débarrasser de ses habitudes répressives. »