Israël doit permettre aux Palestiniens de bénéficier d’un approvisionnement en eau suffisant

À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, Amnesty International a exhorté les autorités israéliennes à mettre un terme aux pratiques discriminatoires portant atteinte au droit des Palestiniens des territoires occupés de bénéficier d’un approvisionnement en eau en quantité suffisante.Un grand nombre des Palestiniens de Cisjordanie dont le cas a été abordé dans le rapport intitulé Israel/Occupied Palestinian Territories: Demand Dignity: Troubled waters – Palestinians denied fair access to water, publié par Amnesty International en octobre 2009, continuent à voir leur accès à l’eau gravement restreint par Israël.« Près de six mois après la publication de notre rapport, le gouvernement israélien conserve sa mainmise sur les ressources en eau dans les territoires palestiniens occupés. Les Palestiniens ne reçoivent qu’une toute petite partie des quantités quasi-illimitées distribuées aux colonies israéliennes illégales », déclare Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient d’Amnesty International. « Pour beaucoup des personnes ordinaires dont nous avons mis le cas en exergue, il n’y a pas eu d’amélioration concrète sur le terrain. »Le rapport évoquait, entre autres, la difficile situation du petit village de Tuwani, situé dans les collines au sud d’Hébron.Ce village, comme d’autres communes palestiniennes de cette zone, n’est toujours pas relié au réseau de canalisations qui distribue de larges quantités d’eau aux colonies israéliennes illégales des alentours.Les habitants du village, quant à eux, ne peuvent compter que sur des citernes pour recueillir les eaux de pluie et conserver l’eau achetée à des camions-citernes. En décembre 2009, l’armée israélienne a émis un ordre de démolition concernant une citerne que les villageois avaient construite.Puis, début mars 2010, lorsque les résidents de Tuwani ont une nouvelle fois déposé une demande pour que le village soit relié au réseau de distribution d’eau passant à proximité, les autorités militaires israéliennes contrôlant la région leur ont opposé un refus. Les résidents du village de Beit Ula continuent également à éprouver des difficultés à se procurer de l’eau en quantité suffisante, l’armée israélienne ayant détruit neuf de leurs citernes de collecte des eaux de pluie en 2008.Ces citernes, construites en juin 2006 dans le cadre d’un programme agricole financé par l’Union européenne et destiné à améliorer la sécurité alimentaire, appartenaient chacune à une famille.Si les fermiers palestiniens de cette zone ont sauvegardé ce qui pouvait l’être à la suite de la démolition, un an plus tard, la plupart de ceux qui auraient bénéficié du programme sont toujours sans emploi ou survivent comme travailleurs manuels occasionnels.Ils ont déclaré à Amnesty International le 15 mars qu’ils seraient prêts à redémarrer le projet dès qu’on leur aura assuré qu’il ne sera pas de nouveau réduit à néant.Le rapport d’Amnesty International a également décrit comment, dans le village cisjordanien de Daraj al Hathaleen, l’armée israélienne a remis à la population des ordres de démolition pour neuf citernes construites sans la permission des autorités israéliennes. Israël a instauré un système complexe de permis que les Palestiniens sont tenus d’obtenir de l’armée israélienne et de certaines autorités pour mener à bien des projets hydrauliques dans les territoires palestiniens occupés – cela va du creusement d’un puits au traitement des eaux usées, en passant par la réparation d’une canalisation endommagée. Bien souvent, leurs demandes sont rejetées ou amplement retardées.Alors que les démolitions à Daraj al Hathaleen n’ont toujours pas eu lieu, des villageois ont dit à Amnesty International en mars 2010 que les bergers locaux se sont vu interdire d’utiliser les citernes et continuent à dépendre de l’eau distribuée par des camions-citernes, ce qui coûte cher.Étant donné que la route menant à cette zone a été condamnée par l’armée israélienne en 2009, les camions-citernes ne sont pas autorisés à passer ; les résidents de Daraj al Hathaleen sont donc contraints d’effectuer de longs trajets pour se fournir en eau auprès de ceux-ci.Les restrictions imposées par l’occupation militaire israélienne depuis plus de 40 ans aux Palestiniens sur le plan de l’accès à l’eau ont également empêché le développement d’infrastructures et d’installations dans ce domaine en Cisjordanie.Le rapport d’Amnesty International signalait aussi les problèmes rencontrés par les Palestiniens dans la bande de Gaza, où 90 à 95 % de l’eau est impropre à la consommation humaine. La situation en matière d’eau et d’assainissement à Gaza continue à être « périlleuse », selon un rapport diffusé par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme le 17 mars 2010. Le blocus de la bande de Gaza par l’armée israélienne empêche l’entrée du matériel nécessaire au maintien des infrastructures de distribution d’eau et d’assainissement.« Des centaines de milliers de Palestiniens sont privés du droit de mener une vie normale, ainsi que du droit à une alimentation suffisante, au logement, à la santé et au développement économique », a ajouté Malcolm Smart.« Il est de la responsabilité d’Israël de veiller à ce que les Palestiniens reçoivent une part équitable des ressources en eau communes. »