Google incite la Chine à mettre un terme à la censure

Le gouvernement chinois doit éliminer les restrictions pesant sur l’utilisation d’Internet, a déclaré Amnesty International ce 23 mars, à la suite de l’annonce par Google de sa décision d’arrêter de censurer les résultats des recherches en ligne en Chine et de rediriger vers Hong Kong l’ensemble du trafic transitant par ses serveurs dans ce pays. « En admettant que sa politique d’entreprise était incompatible avec l’autocensure requise pour opérer en Chine, Google met les autorités chinoises au défi de respecter le principe de la liberté d’expression prévu par la Constitution chinoise », a déclaré Roseann Rife, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Google a indiqué, en prenant cette décision le 22 mars, que les autorités chinoises avaient désormais le choix de bloquer l’accès à google.com.hk en Chine. Les internautes chinois qui critiquent cette décision font valoir que Google était l’une des sources les plus libres. « Les utilisateurs chinois qui espéraient que Google ne quitterait pas la Chine et expriment leur désarroi face à cette décision doivent maintenant demander à leur propre gouvernement pourquoi et comment Internet est censuré en Chine », a ajouté Roseann Rife. À l’exception d’une brève période entre juillet et décembre 2008, le site Internet d’Amnesty International, www.amnesty.org, n’est pas accessible depuis la Chine. En réaction à l’annonce faite par Google, les autorités chinoises ont accusé l’entreprise de « politiser des questions commerciales ». « Les autorités chinoises elles-mêmes politisent Internet en bloquant certains mots clés de recherche et sites web, a expliqué Roseann Rife. Lorsqu’un gouvernement restreint la discussion et la diffusion d’idées sur Internet, comme cela est régulièrement le cas en Chine, il impose ses arrière-pensées politiques et fixe des limites au débat. » Amnesty International a récemment recensé de nombreux cas illustrant ceci, notamment ceux de Liu Xiaobo et Tan Zuoren, dans lesquels les autorités ont muselé des défenseurs des droits humains en les emprisonnant pour avoir diffusé des informations ou publié des textes par le biais d’Internet. L’organisation a précédemment encouragé des entreprises du secteur de l’Internet, telles que Yahoo!, Google et Microsoft, à s’engager à respecter les dispositions de la Constitution chinoise relatives à la liberté d’expression, et à faire preuve de transparence en ce qui concerne les processus de filtrage utilisés en Chine et les accords conclus entre ces sociétés et le gouvernement chinois ayant un impact en termes de censure et de répression de l’opposition.