Inquiétude pour un militant kurde détenu au secret en Syrie

Les autorités syriennes devraient soit libérer immédiatement soit inculper d’une infraction pénale prévue par la loi un défenseur des droits humains kurde qui est détenu au secret depuis qu’il a été arrêté par les services de renseignements militaires il y a deux semaines, a déclaré Amnesty International jeudi 18 mars. Les autorités n’ont pas indiqué pourquoi Abed al Hafith Abed al-Rahman était détenu ni si des charges étaient retenues contre lui. Il est possible qu’il soit détenu à l’antenne du Renseignement militaire à Alep, dans le nord du pays. Abed al Hafith Abed al Rahman est membre du conseil d’administration du groupe de défense des droits humains en Syrie MAF, organisation non gouvernementale interdite regroupant des membres de la minorité kurde de Syrie. Les personnes détenues par le Service des Renseignements militaires et d’autres services de sécurité risquent tortures et autres mauvais traitements, surtout lorsqu’elles sont détenues au secret. Des agents du Renseignement militaire ont arrêté Abed al Hafith Abed al Rahman à son domicile à Alep, en présence de sa famille, le 2 mars 2010. Ils ont saisi certains de ses biens personnels dont un livre d’enseignement du kurde qu’il a écrit ainsi que des déclarations non publiées du groupe MAF. Naderah Abdo, autre membre de ce conseil, a été arrêtée en même temps qu’Abed al Hafith Abed al Rahman mais elle a pu quitter librement les locaux du Renseignement militaire à Alep le 6 mars, sans avoir été inculpée. Les Kurdes de Syrie subissent des discriminations du fait de leur appartenance ethnique ; un grand nombre d’entre eux se voient dénier la nationalité syrienne et ne jouissent pas de certains droits dans la même mesure que les citoyens syriens, notamment en matière d’éducation, d’emploi et de soins de santé. De plus, l’utilisation de la langue kurde et la promotion de cette culture sont strictement restreintes en Syrie ; publier et imprimer des ouvrages en kurde, tout comme enseigner cette langue, est interdit et passible de peines d’emprisonnement. Les militants de la société civile kurdes, de même que les personnes jugées proches de partis politiques ou groupes kurdes qui dénoncent le traitement réservé aux Kurdes en Syrie, sont particulièrement exposés au risque d’être arrêtés arbitrairement, torturés et emprisonnés à l’issue de procès iniques. Amnesty International a demandé aux autorités de libérer Abed al Hafith Abed al Rahman immédiatement et sans condition, à moins qu’il ne soit inculpé d’une infraction dûment reconnue par la loi et jugé dans le respect des normes internationales d’équité des procès. L’organisation leur a demandé également de faire en sorte que cet homme soit traité avec humanité et ne soit pas soumis à la torture ni à d’autres formes de mauvais traitements, et qu’il soit autorisé sans délai à recevoir la visite de ses proches, à se mettre en relation avec l’avocat de son choix, ainsi qu’à bénéficier du régime alimentaire approprié et de tout soin médical dont il pourrait avoir besoin.