L’Égypte libère un blogueur qui devait être jugé par un tribunal militaire

Amnesty International se félicite de la libération d’un blogueur égyptien, qui était passible d’une peine d’emprisonnement pour avoir mis en ligne un article dénonçant le népotisme au sein des forces armées. L’organisation demeure toutefois préoccupée par le fait que la libération d’Ahmad Mostafa est assortie de certaines conditions : il doit présenter des excuses et retirer l’article posté en mars 2009 sur son blog intitulé Matha Assabaka ya Watan (Que t’est-il arrivé, oh nation ?). Sommé de comparaître devant un tribunal militaire pour la deuxième fois dimanche 7 mars, il était passible d’une peine de neuf ans et demi d’emprisonnement. Premier blogueur égyptien à être traduit devant un tribunal militaire pour ses activités présumées, Ahmad Mostafa a publié, à la suite de sa libération, un article sur son blog, dans lequel il conseillait aux autres blogueurs de vérifier leurs informations avant de les mettre en ligne. Selon les avocats d’Ahmad Mostafa, le tribunal militaire n’a pas fourni d’explication quant à sa remise en liberté et les autorités ont conservé son dossier dans les archives, ce qui signifie qu’il pourra être rouvert. Ahmed Mostafa, qui suit des études d’ingénieur à l’université de Kafr el Cheikh, a été accusé d’avoir mis en ligne des secrets militaires, publié de fausses informations sur l’armée et insulté les personnes chargées du recrutement dans une académie militaire. Dans son article, il racontait l’histoire d’un étudiant qui aurait été contraint de démissionner d’une académie militaire afin de céder sa place à un autre postulant, sur fond d’accusations de favoritisme. Selon les avocats du Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme, il a été arrêté par des agents des services de renseignement militaire le 17 février et interrogé sur son blog. Il a comparu pour la première fois devant un tribunal militaire le 1er mars. Or, ses avocats du Centre Hisham Mubarak pour le droit et de l’Association pour la liberté de pensée et d’expression ont révélé à Amnesty International que les autorités ne leur avaient fait parvenir son dossier que le 2 mars. Ayant adopté Ahmed Mostafa en tant que prisonnier d’opinion, Amnesty International avait demandé sa libération. D’autres blogueurs égyptiens ont été poursuivis pour leurs écrits. Karim Amer, adopté par Amnesty International comme prisonnier d’opinion, a été condamné à une peine de quatre ans d’emprisonnement en février 2007 pour avoir critiqué sur son blog le président Hosni Moubarak et les autorités religieuses égyptiennes d’al Azhar. Hani Nazeer, autre prisonnier d’opinion, est maintenu en détention administrative depuis octobre 2008 pour avoir mis en ligne sur son blog la couverture d’un livre considéré comme insultant pour les musulmans.