États-Unis : un objecteur de conscience a vu sa peine réduite

Amnesty International s’est réjouie de la décision prise par les autorités militaires américaines de réduire la peine que purge actuellement un sergent de confession chrétienne pour avoir refusé de servir en Afghanistan en raison de ses convictions religieuses.

Le 14 août 2009, un tribunal militaire a condamné Travis Bishop à un an de prison pour s’être absenté sans autorisation, à une suspension des deux tiers de sa solde et à un renvoi pour mauvaise conduite.

Le général de corps d’armée Robert Cone, commandant en chef de la base de Fort Hood, au Texas, a approuvé la réduction de peine le 4 février, après avoir examiné le recours formé par Travis Bishop. Selon son avocat, ce dernier devrait être libéré fin mars, si l’on tient compte de sa bonne conduite.

Travis Bishop a demandé à son avocat de transmettre le message suivant aux nombreuses personnes qui ont rédigé des lettres de soutien : « Merci ! Merci ! Merci à tous ceux qui ont écrit des lettres et m’ont soutenu ! C’est incroyable et sans précédent. »

Après la condamnation de Travis Bishop, les responsables de la prison militaire avaient reçu des centaines de lettres demandant sa libération. Son avocat a remercié personnellement les membres d’Amnesty International « pour toute leur aide dans cette affaire », avant d’ajouter : « Je pense que les lettres ont peut-être fait la différence. C’est extrêmement rare de voir une condamnation réduite d’autant. »

Travis Bishop sert dans l’armée des États-Unis depuis 2004. Il a été envoyé en Irak d’août 2006 à octobre 2007. Selon son avocat, il avait des doutes quant à sa participation à l’action militaire depuis lors, mais ce n’est qu’en février 2009, quand son unité a reçu l’ordre de se rendre en Afghanistan, qu’il a envisagé de refuser d’y aller.

Au cours de la période précédant la date prévue pour son déploiement, ses convictions religieuses se sont renforcées et l’ont mené à la conclusion qu’il ne pouvait plus prendre part à aucune guerre.

La condamnation de Travis Bishop a été prononcée alors même que l’armée américaine étudiait encore sa demande d’obtention du statut d’objecteur de conscience.

Devant le tribunal, Travis Bishop a expliqué qu’il avait appris qu’il pouvait demander ce statut quelques jours seulement avant la date prévue pour son déploiement en Afghanistan. Il s’est absenté sans autorisation le jour de son déploiement pour se « donner le temps de [se] préparer pour la procédure de demande » du statut d’objecteur de conscience.

Il est resté absent de son unité pendant environ une semaine, au cours de laquelle il a rédigé sa demande et pris contact avec un conseiller juridique. Il a volontairement repris ses fonctions et a soumis sa demande lorsqu’il a réintégré son unité.

Amnesty International considère Travis Bishop comme un prisonnier d’opinion car il est détenu uniquement pour avoir refusé de participer à la guerre pour des raisons de conscience.

L’organisation a reconnu comme prisonniers d’opinion un certain nombre de soldats américains ayant refusé d’être envoyés en Irak ou en Afghanistan en raison de leur objection de conscience.

Parmi ceux-ci figurent Camilo Mejía, condamné à une année d’emprisonnement en 2004 pour son objection à la guerre en Irak, et Abdullah Webster, qui avait lui aussi refusé de participer à ce conflit en raison de ses convictions religieuses et a été condamné à 14 mois de prison cette même année.

Un autre, Kevin Benderman, a été condamné à 15 mois d’emprisonnement en 2005 pour avoir refusé de retourner en Irak en raison des violations dont il aurait été témoin sur place.

Agustin Aguayo a été condamné à huit mois d’emprisonnement en 2007 parce qu’il avait refusé de participer à la guerre en Irak. Ces quatre hommes ont été libérés.

Quelques-uns de ces prisonniers d’opinion ont été déférés devant un tribunal militaire et condamnés, bien que leur demande d’obtention du statut d’objecteur de conscience ait été en cours de traitement ; d’autres ont été placés en détention après que leur demande eut été rejetée, au motif qu’ils étaient opposés à des conflits spécifiques plutôt qu’à la guerre en général.