Craintes pour la sécurité de trois personnes soumises à une disparition forcée par des soldats mexicains

Amnesty International a de nouveau appelé les autorités mexicaines à prendre des mesures d’urgence pour élucider le sort des trois personnes qui ont été enlevées par des militaires en décembre 2009 et que nul n’a revues depuis lors.

Jose Angél Alvarado Herrera et ses cousines Nitza Paola Alvarado Espinoza et Rocío Irene Alvarado Reyes ont été vus pour la dernière fois dans la ville de Buenaventura (État de Chihuahua, nord du Mexique) le 29 décembre 2009, lorsqu’ils ont été enlevés par un groupe de 10 soldats. Les militaires n’ont présenté de mandat d’arrêt ni à ces personnes, ni aux proches qui assistaient à la scène.

Le motif de leur arrestation et le lieu de leur détention restent inconnus à ce jour. Il semble qu’ils soient les dernières victimes en date des violations des droits humains auxquelles se livrent les soldats déployés pour lutter contre le crime organisé et les cartels de la drogue dans l’État de Chihuahua.

Parmi les violations imputées aux militaires qui mènent des opérations de maintien de l’ordre figurent des disparitions forcées, des homicides extrajudiciaires, des actes de torture et des détentions arbitraires. Le nombre de ces atteintes aux droits fondamentaux est en augmentation.

Lorsque les familles de Jose Angél Alvarado Herrera, Nitza Paola Alvarado Espinoza et Rocío Irene Alvarado ont porté plainte auprès du bureau du procureur général de l’État de Chihuahua, un responsable leur a déclaré que l’armée avait effectué un raid dans la région pour arrêter des suspects et qu’elle détenait leurs proches.

Toutefois, un porte-parole de l’Opération conjointe du Chihuahua, un programme de lutte contre le crime organisé et la délinquance associant des effectifs de la police et de l’armée, a soutenu qu’ils ne se trouvaient pas entre les mains des forces armées.

Le 4 février, Nitza Paola Alvarado Espinoza a réussi à téléphoner à un ami. Elle pleurait et disait : « S’il te plaît, aide-moi, sors-moi de là, j’ai peur ». À ce moment-là, son ami a entendu deux hommes parler. L’un d’eux a dit : « Foutue salope, elle téléphone, je t’avais dit de ne pas la laisser seule ! » et la communication a été coupée.

Le surlendemain, des soldats se sont présentés au domicile de la mère de José Ángel Alvarado et lui ont posé toute une série de questions sur elle et sur les trois personnes détenues.

Les soldats n’ont pas expliqué pourquoi ils posaient ces questions et ont menacé un voisin qui les avait vus entrer en lui disant que s’il révélait à quiconque qu’ils étaient venus, il en subirait les conséquences.

Amnesty International a exhorté les autorités à ouvrir immédiatement une enquête civile impartiale sur ces disparitions forcées et à inculper ces trois personnes d’une infraction dûment prévue par la loi ou à les relâcher si elles sont détenues.

L’organisation a également demandé aux autorités de prendre des mesures de protection pour que les proches de ces trois personnes n’aient à craindre ni tentatives d’intimidation, ni actes de représailles.

En décembre 2009, Amnesty International a publié un rapport intitulé Mexico: New reports of human rights violations by the military. Elle y reprochait aux autorités du Mexique de ne pas mener d’enquêtes exhaustives sur les allégations de violations des droits humains commises par les soldats déployés pour lutter contre le crime organisé et les cartels de la drogue dans le pays.