Nigeria : des démolitions laissent des centaines de personnes sans abri

Amnesty International a appris qu’au Nigeria, dans l’État de Rivers, des centaines de personnes sont chassées de chez elles en raison d’un projet immobilier commercial.

Les habitants de Njemanze Road, à Port Harcourt, vont perdre leur logement si les démolitions prévues pour cette semaine par les autorités locales ont bien lieu.

Les travaux de démolition avaient d’abord été prévus pour mardi matin, ce qui avait semé la panique parmi les habitants de ce secteur, qui avaient toute la nuit sorti de chez eux tout ce qu’ils pouvaient sauver.

Un grand nombre d’entre eux tentent de trouver refuge dans des églises des environs ou chez des proches, mais d’autres n’ont nulle part où aller et dorment dans la rue.

Les démolitions n’ont pas eu lieu mardi et Amnesty International a demandé l’arrêt du projet visant à raser le quartier au bulldozer.

« Beaucoup d’occupants n’ont nulle part où aller, et la plupart d’entre eux ne disposent pas de la somme importante qu’il faut verser à titre de garantie pour pouvoir louer une nouvelle maison », a expliqué Erwin van der Borght, directeur du Programme Afrique d’Amnesty International.

Vendredi, la police a enlevé les portes, les fenêtres et les toits des maisons qui longent Njemanze Road, les rendant ainsi inhabitables.

Les occupants – qui comptent un grand nombre de femmes et d’enfants – n’ont été avertis qu’ils devaient quitter leurs logements et commerces que sept jours à l’avance, et la plupart d’entre eux ne se sont vu proposer ni indemnisation ni solution de relogement.

« Même des personnes âgés et des enfants sont à la rue. Nous avons besoin de l’aide du gouvernement », a dit un habitant à Amnesty International.

Certaines de ces personnes en sont déjà à leur deuxième expulsion forcée. Le quartier de Njemanze, sur le front de mer, qui comptait des milliers d’habitants, a en effet été détruit le 28 août.

Certains d’entre eux ont alors trouvé refuge non loin de là dans des immeubles de Njemanze Road, qui sont à présent sur le point d’être eux aussi démolis.

Les bâtiments menacés s’étendent sur environ deux kilomètres. Ils vont être démolis pour dégager l’accès au site déjà rasé du quartier de Njemanze.

Le front de mer est l’une des zones les plus densément peuplées de Port Harcourt. Le gouverneur de l’État a déclaré à plusieurs reprises que les démolitions sur le front de mer visaient à « assainir [les lieux] et endiguer les activités criminelles ».

« Les autorités de l’État de Rivers ne peuvent recourir à des expulsions qu’en dernier ressort, a indiqué Erwin van der Borght. Elles sont obligées, dans chaque cas, d’étudier toutes les autres solutions possibles, et d’éviter ou de réduire autant que possible le recours à la force. »

Amnesty International a souligné que le gouvernement de l’État de Rivers ne respecte pas sa propre loi de 2003 relative à la planification territoriale et à l’aménagement du territoire.

En vertu de cette loi, les autorités auraient dû créer un « Conseil pour la rénovation urbaine », qui aurait déclaré le front de mer « zone à réaménager » et préparé un plan de réaménagement pour ces quartiers.

Cette loi oblige aussi le gouvernement à reloger tous les occupants concernés, ce qu’il n’a pas fait.

« Le gouverneur de l’État de Rivers devrait demander l’arrêt immédiat des projets de démolition, respecter le droit des occupants d’être avertis de toute expulsion dans un délai suffisant et raisonnable, et veiller à ce que toutes les personnes concernées se voient proposer une solution de relogement adéquate et à ce que nul ne soit laissé sans abri », a ajouté Erwin van der Borght.