Tanzanie : quatre hommes condamnés à mort pour le meurtre d’un albinos

Amnesty international salue les mesures qui ont été prises par le gouvernement tanzanien pour traduire en justice les responsables du meurtre d’un homme albinos.

L’organisation a toutefois déclaré qu’elle déplorait les condamnations à mort par pendaison prononcées contre les quatre hommes déclarés coupables de ce meurtre ; les exécutions sont prévues pour lundi. Amnesty International est opposée à la peine de mort en toutes circonstances.

L’organisation a par ailleurs appelé les autorités à faire davantage pour protéger les personnes albinos contre de tels meurtres.

Plus de 20 albinos ont été tués en 2009, d’après les informations disponibles. Cela porte à plus de 50 au total le nombre de personnes albinos tuées au cours des deux dernières années.

Ceux qui tuent ou mutilent des albinos sont très rarement traduits en justice.

« Nous nous félicitons des poursuites qui ont été engagées contre les personnes soupçonnées d’être impliquées dans des meurtres ou des mutilations de personnes albinos, mais la peine de mort n’est pas la solution face à ces terribles crimes et pratiques », a souligné Godfrey Odongo, chercheur d’Amnesty International basé à Kampala, en Ouganda.

Ces homicides et mutilations dont les albinos sont victimes sont motivés par des croyances culturelles : en Tanzanie et dans d’autres pays certains pensent en effet que l’on peut devenir riche en utilisant des parties du corps de personnes albinos.

« Le gouvernement tanzanien doit faire davantage pour protéger les personnes albinos contre ces meurtres, mais il doit exclure le recours à la peine de mort, a ajouté Godfrey Odongo.

« Les enquêtes policières sont d’une lenteur désespérante et les mesures prises par le gouvernement pour empêcher de tels meurtres sont globalement insuffisantes. Les auteurs de ces actes doivent être déférés à la justice mais ce, d’une manière qui respecte les droits de tous les habitants de la Tanzanie. La condamnation à mort des meurtriers ne fait qu’aggraver le problème car le gouvernement envoie ainsi un message signifiant que la vie humaine n’a pas beaucoup de valeur. »

Des dizaines de personnes soupçonnées d’être impliquées dans des meurtres et des mutilations d’albinos ont été arrêtées mais, jusqu’à présent, seules deux affaires ont abouti à une décision de justice : celle qui a été jugée lundi, et une autre qui a été jugée en septembre et à l’issue de laquelle trois hommes ont été condamnés à mort.

« Les autorités ont le devoir de veiller sur les personnes albinos et de protéger l’ensemble de la population contre la violence, a poursuivi Godfrey Odongo.

« Elles doivent, à cette fin, faire en sorte que les auteurs d’actes de violence répondent de leurs agissements devant le système judiciaire. Cependant, les coupables ne doivent pas être condamnés à des châtiments constituant un traitement cruel, inhumant ou dégradant. Cela concerne notamment la peine de mort, qui viole l’un des droits humains les plus fondamentaux : le droit à la vie. »