Une vérité passée sous silence : les dirigeants mondiaux doivent faire évoluer le débat sur la pauvreté et les droits humains

Juste avant le 17 octobre, date de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, Amnesty International a exhorté les dirigeants et responsables politiques du monde entier à faire évoluer le débat sur la pauvreté. Alors que ce débat se concentrait sur les questions économiques, il doit s’intéresser aux problèmes liés aux droits humains qui plongent et maintiennent les populations dans la pauvreté.

Irene Khan, secrétaire générale d’Amnesty International, a déclaré : « La pauvreté est à l’origine de la pire crise des droits humains que connaisse notre époque. »

« La discrimination, la répression exercée par les autorités, la corruption, l’insécurité, la violence sont des caractéristiques de la pauvreté, tout autant que l’absence de ressources matérielles. Ces problèmes de droits humains ne peuvent pas être résolus en augmentant simplement les revenus », a déclaré Irene Khan.

« Les avantages matériels, à eux seuls, n’assurent pas la fin de la discrimination, pas plus qu’ils n’améliorent la sécurité ou ne font entendre la voix de ceux et celles qui vivent dans la pauvreté. Les sommes investies dans l’agriculture accroîtront peut-être les rendements des paysans pauvres, mais elles ne garantissent pas la sécurité de l’occupation foncière face à des propriétaires sans scrupules. On peut construire de nouvelles écoles sans assurer aux filles un accès à l’éducation égal à celui des garçons.

« Dans de nombreux pays, on constate un taux élevé de croissance économique, mais le droit des personnes à être informées et consultées dans l’élaboration des politiques publiques n’est pas respecté ; leur droit à exprimer leurs opinions et à se faire entendre est limité. Les personnes vivant dans la pauvreté sont tenues à l’écart et délaissées.

Toute stratégie efficace de réduction de la pauvreté doit donner aux pauvres la capacité de faire valoir leurs droits, pour que ces hommes et ces femmes puissent prendre en main leur destin et contraindre les décideurs à répondre de leurs actes. »

Lors du lancement à New York de son livre intitulé The Unheard Truth : Poverty and Human Rights, Irene Khan a soutenu qu’il était nécessaire, pour éliminer la pauvreté, que les droits économiques, sociaux et culturels (par exemple les droits à la santé, à l’éducation ou au logement) soient respectés tout autant que les droits civils et politiques.

« Nous ne pouvons aborder les droits humains de façon fractionnée ou incomplète si nous voulons résoudre la question de la pauvreté. Il est aussi important d’exiger le droit à la participation que d’affecter les ressources nécessaires à la satisfaction de besoins essentiels tels que la nourriture, la santé et le logement. La protection des personnes contre la violence est tout aussi décisive que la fin de la discrimination. Pour réduire la mortalité maternelle, il faut un meilleur suivi sanitaire mais il faut aussi améliorer la condition des femmes. »

Composé de dix chapitres qui abordent des thèmes comme l’importance de la liberté, la discrimination, le cercle vicieux de la pauvreté, la mortalité maternelle, les bidonvilles, la responsabilité des entreprises et la démarginalisation, The Unheard Truth lance un appel pour que justice soit rendue aux pauvres et que leurs capacités d’agir soient renforcées. Ce livre donne un visage humain à un problème qui est trop souvent illustré par des statistiques abstraites.

The Unheard Truth amorce dans la campagne mondiale d’Amnesty International Exigeons la dignité une phase nouvelle au cours de laquelle les dirigeants mondiaux seront pris à partie et sommés d’agir contre les atteintes aux droits humains qui entraînent et aggravent la pauvreté.

« L’effort pour en finir avec la pauvreté est le plus grand combat que cette génération doive mener. Nous vaincrons si nous plaçons la liberté, la justice et l’égalité au centre de notre lutte », a affirmé Irene Khan.