Les autorités nigérianes doivent mettre le président soudanais en état d’arrestation lors de sa visite

Amnesty International a révélé jeudi 22 octobre que le président du Nigeria, Umaru Yar’Adua, avait invité le chef de l’État soudanais à se rendre dans son pays, bien qu’Omar el Béchir soit recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Le président du Soudan a été convié à la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui doit se tenir à Abuja le 29 octobre 2009.

Amnesty International a été informée de cette invitation, qui n’avait pas encore été rendue publique, par plusieurs sources fiables.

Thabo Mbeki, l’ancien président sud-africain, doit présenter lors de la réunion un rapport sur la situation au Darfour.

Il semblerait que le président Umaru Yar’Adua ait fourni des assurances que le chef de l’État soudanais ne serait pas arrêté s’il se rendait au Nigeria.

« Inculpé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre perpétrés contre des Africains, Omar el Béchir est un fugitif qui cherche à échapper à la justice internationale, a déclaré Kolawole Olaniyan, conseiller juridique d’Amnesty International pour l’Afrique. Le Nigeria se couvrirait de honte à lui offrir un sanctuaire.

« Aux termes du droit, le gouvernement nigérian a l’obligation inconditionnelle d’arrêter et de remettre à la CPI le président el Béchir si celui-ci pénètre sur son territoire. Tout manquement constitue une violation des obligations incombant au pays en vertu du droit international et peut constituer une entrave à la justice. »

La CPI a émis un mandat d’arrêt contre le président el Béchir le 4 mars 2009.

« Le gouvernement nigérian se doit d’agir, au nom des milliers de victimes des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre perpétrés au Darfour », a poursuivi Kolawole Olaniyan.

En tant qu’État partie au traité établissant la CPI, le Nigeria est tenu, sans aucune exception, de coopérer avec la CPI, d’arrêter toute personne faisant l’objet d’une mandat d’arrêt de la CPI et de la remettre à cette instance internationale. Si le pays se soustrait à cette obligation, la CPI peut, en vertu de l’article 87-7 du traité, en référer au Conseil de sécurité des Nations unies.

Invité par le chef de l’État ougandais, Yoweri Museveni, à assister au sommet de l’Union africaine sur les réfugiés, les personnes déplacées et les rapatriés qui se tient cette semaine à Kampala, le président el Béchir a renoncé à se rendre en Ouganda à la suite des protestations des ONG, notamment d’Amnesty International.