Des journalistes radio du Honduras font les frais d’une nouvelle atteinte à la liberté d’expression

Amnesty International dénonce une attaque à la liberté de la presse au Honduras, après la suppression de trois émissions radiophoniques par la direction d’une station grand public, invoquant un décret présidentiel controversé pour justifier son action.

Normalement diffusées sur Radio Cadena Voces, les émissions La Bullaranga, Entre Chonas et Tiempo de Hablar sont en grande partie produites et pilotées par des femmes et des jeunes.

« La mise au rebut arbitraire de ces émissions constitue une nouvelle atteinte à la liberté d’expression, et limite l’accès de la population hondurienne à l’information et à des espaces de discussion », a déclaré Javier Zuñiga, conseiller spécial au Secrétariat d’Amnesty International.

Les personnes aux commandes de ces programmes ont été informées par écrit, par la direction de Grupo INVOSA, propriétaire de la station, que leurs émissions « n’œuvraient pas en faveur de la paix » et « jetaient le discrédit » sur le processus électoral, enfreignant ainsi le décret présidentiel pris par le gouvernement de facto.

Si ce décret a depuis lors été annulé, les émissions restent suspendues.

« Le retrait de ces programmes a contribué à renforcer l’atmosphère de peur et d’intimidation qui fait le quotidien des journalistes, a ajouté Javier Zuñiga. Il fait également la preuve de l’intolérance des autorités de facto face à la liberté de tous de débattre et d’exprimer des opinions, en particulier si celles-ci sont contraires aux leurs. »

Amnesty International a exhorté les autorités de facto à respecter les mesures imposées par la Commission interaméricaine des droits de l’homme afin de garantir que les médias et les personnes qu’ils emploient au Honduras puissent mener leur travail à bien sans faire l’objet de manœuvres d’intimidation et de menaces.

Le 23 octobre 2009, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a ajouté les employés des stations Canal 36, Radio Catracha, Cholusat Sur Radio et Radio Globo à la liste des personnes à protéger au titre de mesures provisoires, après que ces radios eurent été sommées de mettre fin à leurs activités en vertu du décret présidentiel.

Les violations des droits humains au Honduras se sont multipliées depuis que le président démocratiquement élu, José Manuel Zelaya Rosales, a été chassé du pouvoir le 28 juin et expulsé du pays par un groupe de responsables politiques soutenus par l’armée et emmenés par Roberto Micheletti, alors président du Congrès national.

Le pays est en proie à des troubles de grande ampleur depuis le coup d’État, et de nombreux affrontements ont opposé l’armée et la police à des citoyens qui manifestaient. Deux personnes au moins sont mortes après avoir été atteintes par des balles tirées lors des manifestations.

Le 19 août, dans un rapport intitulé Honduras: Human rights crisis threatens, as violence and repression increase, Amnesty International a publié des témoignages et des éléments mettant en lumière le recours excessif à la force et les violences infligées aux manifestants par les policiers. Ce document s’appuyait sur des informations recueillies par l’organisation lors d’une mission d’établissement des faits, du 28 juillet au 1er août 2009.

Amnesty International demande aux autorités de facto de faire en sorte que les citoyens honduriens puissent librement accéder à l’information – particulièrement vitale en ces temps de crise.