Chine : un journaliste ouïghour détenu en raison de remarques sur les troubles au Xinjiang

Le journaliste ouïghour Hairat Niyaz, détenu par les autorités chinoises depuis le 1er octobre, risque à tout moment d’être victime de torture ou d’autres formes de mauvais traitements, a prévenu Amnesty International.

L’organisation a demandé qu’il soit libéré immédiatement et sans condition, à moins qu’il ne soit inculpé d’une infraction dûment reconnue par la loi.

Une notification de sa détention remise à sa famille par la police le 4 octobre indiquait qu’il faisait l’objet d’une enquête pour « mise en danger de la sécurité de l’État ».

La police a précisé à ses proches qu’il avait été arrêté parce qu’il avait accordé trop d’interviews aux médias.

Sa famille et ses amis au sein de la communauté ouïghoure pensent que son arrestation fait suite à ses commentaires au sujet de la véritable origine des troubles qui ont récemment eu lieu dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang.

Hairat Niyaz a déclaré à des journalistes que ces troubles avaient pour cause première vingt années de mesures discriminatoires en matière de minorités ethniques, notamment l’utilisation de lois « antiterroristes » afin de prendre les Ouïghours pour cible, ainsi que la marginalisation et les problèmes économiques de ces derniers.

Il avait averti les autorités locales du risque d’agitation la veille du jour où les troubles ont commencé, en juillet. Elles n’avaient alors pas tenu compte de sa mise en garde, mais l’ont utilisée par la suite pour ouvrir une enquête sur lui.

Au moins 156 personnes ont trouvé la mort au cours des violences et des troubles de grande ampleur qui ont éclaté à Ürümqi et ailleurs au Xinjiang le 5 juillet. Ces événements faisaient suite à la répression par la police de manifestations à l’origine pacifiques organisées à Ürümqi par des Ouïghours.

Les manifestants protestaient contre l’inaction des autorités après la mort de deux ouvriers ouïghours au cours d’une émeute dans une usine du sud de la Chine, à Shaoguan (province du Guangdong).

À la suite de cette violente répression, les autorités ont accusé les Ouïghours vivant hors de Chine, en particulier le Congrès ouïghour mondial et sa présidente Rebiya Kadeer, d’avoir organisé les troubles qui avaient eu lieu.

Depuis les troubles de juillet, les autorités ont arrêté des milliers de personnes.

Elles en auraient déféré plusieurs dizaines devant la justice et ont menacé celles impliquées dans ces événements de peines sévères. En octobre, elles ont annoncé les premières condamnations à mort pour participation à ces troubles, prononcées contre 11 personnes.

Elles interprètent tous les signes de dissension comme découlant d’activités « terroristes » ou « séparatistes », justifiant leur répression sévère tout en ignorant les causes profondes de mécontentement.

Hairat Niyaz a été arrêté à son domicile d’Ürümqi par des policiers des services de la Sécurité intérieure du Xinjiang le jour de la fête nationale chinoise.

Il n’a pas pu entrer en contact avec un avocat de son choix ni avec ses proches depuis son arrestation. Il est actuellement incarcéré au centre de détention de Tianshan, à Ürümqi.

Amnesty International a exhorté les autorités chinoises à garantir que Hairat Niyaz n’est ni torturé, ni soumis à d’autres mauvais traitements en détention.

L’organisation les a en outre engagées à faire le nécessaire pour qu’il lui soit permis d’entrer en contact avec ses proches et un avocat qu’il aura choisi, ainsi que de recevoir tous les soins médicaux dont il pourrait avoir besoin.