Le secrétaire général du Congrès ouïghour mondial s’est vu refuser l’entrée sur le territoire sud-coréen

Les autorités sud-coréennes doivent relâcher immédiatement Dolkun Isa, secrétaire général du Congrès ouïghour mondial, à moins qu’il ne soit inculpé d’une infraction dûment reconnue par le droit international, a déclaré Amnesty International jeudi 17 septembre 2009.

En aucun cas il ne doit être renvoyé en Chine, où il risque d’être soumis à une détention arbitraire, à un procès inique, à des actes de torture ou autres mauvais traitements, voire condamné à la peine de mort.

« Dolkun Isa est un défenseur des droits humains. S’il existe des preuves tangibles qu’il a enfreint la loi, les autorités doivent l’inculper. Si ce n’est pas le cas, il doit être remis en liberté », a indiqué Roseann Rife, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

Lors d’un entretien téléphonique avec Amnesty International le 17 septembre, Dolkun Isa a déclaré qu’il était retenu à l’aéroport international d’Incheon, à Séoul, depuis plus de quarante-deux heures. Il a été informé qu’il allait être renvoyé en Allemagne, mais on l’a ensuite empêché de monter à bord d’un avion.

Dolkun Isa s’était rendu à Séoul pour assister au Forum mondial pour la démocratie en Asie. Après avoir fui la Chine en 1997, il s’est vu accorder l’asile en Allemagne et est devenu citoyen allemand en 2006.

Les autorités chinoises accusent le Congrès ouïghour mondial et plus particulièrement sa présidente Rebiya Kadeer d’avoir organisé les récentes émeutes survenues à Ürümqi. Toutefois, elles n’ont fourni aucune preuve tangible venant corroborer ces allégations.

Les autorités chinoises qualifient souvent toute expression indépendante de l’identité ethnique ouïghoure de « séparatisme » ou d’« extrémisme religieux ». Elles ont orchestré une campagne agressive contre les « trois forces » que sont le « séparatisme », le « terrorisme » et l’« extrémisme religieux » dans la région. Depuis lors, de nombreux Ouïghours sont détenus de manière arbitraire et incarcérés en tant que prisonniers politiques ou prisonniers d’opinion.

Les troubles de juillet 2009 auraient commencé par des manifestations pacifiques organisées par les Ouïghours pour protester contre l’inaction des autorités face à la mort de deux ouvriers ouïghours, survenue le 26 juin à la suite d’une violente émeute dans une usine de Shaoguan, dans la province du Guangdong, dans le sud de la Chine.

La politique discriminatoire menée par le gouvernement avait déjà déclenché des violences dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Par le passé, les autorités chinoises ont réagi en qualifiant ces accrochages de « contre-révolutionnaires » ou de « séparatistes » et ont riposté avec brutalité.

Le Congrès ouïghour mondial est une organisation non gouvernementale (ONG) légalement constituée, dont le siège se trouve en Allemagne. Il défend les droits humains et le droit à l’autodétermination des Ouïghours au moyen de méthodes pacifiques et non violentes.