Mexique : libération d’une femme indigène injustement incarcérée pendant trois ans

Amnesty International se félicite de la libération de la prisonnière d’opinion mexicaine Jacinta Francisco Marcial, détenue pendant trois ans après avoir été accusée à tort d’avoir séquestré six agents fédéraux.

Mère de six enfants, Jacinta Francisco Marcial, qui appartient à la communauté otomí de Santiago Mexquititlán (État de Querétaro), avait été condamnée à une peine de vingt et un ans d’emprisonnement en décembre 2006.

Amnesty International demande que les poursuites engagées à tort contre cette femme, qui est âgée de 46 ans, fassent l’objet d’un réexamen et que Jacinta Francisco Marcial soit indemnisée pour le fait d’avoir été injustement emprisonnée.

« Le gouvernement mexicain a fini par reconnaître que rien ne justifiait le procès contre cette femme ni sa condamnation à vingt et un ans d’emprisonnement pour séquestration, a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe d’Amnesty International pour les Amériques.

Trois années de la vie de Jacinta Francisco Marcial ont été volées à cette femme et sa famille pendant qu’elle était en prison pour un crime qu’elle n’avait pas commis. Rien ne pourra faire revenir le temps qu’elle a perdu en prison. Mais il faut que les responsables de cette injustice soient tenus de rendre des comptes et que cette femme soit pleinement indemnisée. »

Jacinta Francisco Marcial a été remise en liberté par le juge présidant le tribunal devant lequel elle comparaissait de nouveau après l’issue favorable donnée à l’appel interjeté en sa faveur. La décision du juge était prévisible du fait que le bureau du procureur général avait annoncé qu’il abandonnait les poursuites contre Jacinta Francisco Marcial par manque de preuves.

Jacinta Francisco Marcial avait été reconnue coupable de la séquestration de six agents de l’Agence fédérale d’investigation (AFI) du Mexique. Ces agents affirmaient avoir été pris en otages par Jacinta Francisco Marcial et d’autres commerçants alors qu’ils étaient en mission au marché de la place de Santiago Mexquititlán, en mars 2006, pour débusquer des vendeurs de DVD piratés.

Plus de quatre mois après les événements, le 3 août 2006, Jacinta Marcial avait été arrêtée et amenée au bureau du procureur général. On lui avait dit qu’elle allait être interrogée au sujet de la chute d’un arbre, et ce n’était que lorsqu’elle avait été conduite en prison qu’elle avait réalisé qu’elle était accusée, avec deux autres femmes, d’avoir séquestré les agents.

Amnesty International avait adopté Jacinta Francisco Marcial comme prisonnière d’opinion le 18 août 2009 après en être arrivée à la conclusion qu’il n’existait aucune preuve contre cette femme et qu’elle avait été arrêtée, jugée et reconnue coupable uniquement en raison de ses origines ethniques et de son statut social et parce qu’elle était une femme.

Cette libération soulève des questions graves sur le bien-fondé de tout le dossier d’accusation et met en évidence des erreurs flagrantes dans l’instruction.

Amnesty International a demandé le réexamen exhaustif et impartial de l’ensemble du dossier, y compris des poursuites engagées contre les co-accusées Alberta Alcántara et Teresa González, reconnues elles aussi coupables de la séquestration des six agents fédéraux.