Irene Khan prie le gouvernement des États-Unis d’étudier le rapport Goldstone

La secrétaire générale d’Amnesty International, Irene Khan, a enjoint le gouvernement des États-Unis d’étudier les conclusions de la mission que le juge Richard Goldstone a dirigée pour enquêter sur les atteintes au droit international commises à Gaza et dans le sud d’Israël à la fin de décembre 2008 et en janvier 2009.

Le rapport a conclu que les forces armées israéliennes ont commis des violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains qui peuvent être assimilées à des crimes de guerre et dont certaines sont peut-être assimilables à des crimes contre l’humanité.

« Il incombe maintenant à la Maison-Blanche d’étudier ce rapport et de prier le secrétaire général des Nations unies de le transmettre au Conseil de sécurité, a déclaré Irene Khan ce jeudi 17 septembre dans une interview à Al Jazira.

« Il est du devoir du Conseil de sécurité des Nations unies de donner à ce rapport la même importance qu’aux rapports qui ont porté, par exemple, sur la situation au Darfour. Il ne peut pas y avoir deux poids, deux mesures pour les crimes de guerre ou les crimes contre l’humanité. »

Irene Khan s’est également exprimée au sujet des affirmations qui sous-entendent que les conclusions de l’enquête du juge Richard Goldstone, rendues publiques ce mardi 15 septembre, seraient entachées d’un parti-pris contre Israël.

Elle a dit que la majeure partie de ce rapport de 575 pages était centrée sur le comportement des forces israéliennes, mais que Richard Goldstone y reconnaissait également l’obligation du Hamas de respecter le droit international humanitaire.

« Ce faisant, Richard Goldstone ne fait qu’accroître la fiabilité du rapport, a ajouté Irene Khan.

« Il montre que ce n’est pas de la propagande, mais que, au contraire, c’est bien ainsi que le bilan du gouvernement israélien doit être jugé dans cette affaire, car il est contraire aux normes internationales du droit humanitaire et du droit relatif aux droits humains. »

Irene Khan a décrit le juge Richard Goldstone comme un procureur international de haute crédibilité qui s’est déjà distingué dans le domaine du droit international.

Rejetant les accusations de parti-pris contre Israël dont il a fait l’objet, Irene Khan a ajouté : « Richard Goldstone et ses collaborateurs ont fait un travail très sérieux, très professionnel ».

Malgré les preuves patentes de crimes de guerre et d’autres atteintes graves au droit international relevées pendant et après le conflit, il s’avère que ni Israël ni le Hamas n’ont mené une enquête fiable sur les faits ou poursuivi en justice les responsables présumés.

Irene Khan s’est félicitée de ce que les conclusions du rapport Goldstone aient repris celles de la mission d’établissement des faits effectuée par Amnesty International à Gaza en janvier.

« Richard Goldstone a confirmé que les forces israéliennes ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, qu’elles ont attaqué des civils sans aucune justification militaire, procédé à des destructions excessives de bâtiments et empêché l’approvisionnement de la population civile en nourriture et autres biens de première nécessité.

« Nous apprécions l’objectivité avec laquelle Richard Goldstone a étudié la situation et le fait qu’il se soit également penché sur les infractions commises par les autorités du Hamas. Et nous constatons avec satisfaction qu’il a recommandé que les responsables soient tenus de rendre compte de leurs agissements », a affirmé la secrétaire générale d’Amnesty International.

Richard Goldstone a demandé dans son rapport que le Conseil de sécurité mette en place un mécanisme chargé de surveiller le gouvernement israélien et le gouvernement de facto du Hamas et de vérifier qu’ils enquêtent sur les crimes dans le délai de six mois qui leur a été imparti.

Richard Goldstone a fait savoir que si ce délai n’est pas respecté, le Conseil de sécurité devra porter les conclusions de son rapport devant le procureur de la Cour pénale internationale (CPI).

« Les victimes de Gaza ont besoin de justice, et le juge Richard Goldstone leur a ouvert la voie », a ajouté Irene Khan.

Amnesty International a appris avec satisfaction que les résultats du rapport Goldstone confirmaient celles que l’organisation avait elle-même tirées à l’issue de son enquête sur le terrain concernant ces vingt-deux jours de conflit.

L’organisation a lancé un appel à tous les organes compétents des Nations unies afin qu’ils agissent rapidement et de manière coordonnée pour mettre en œuvre les recommandations du rapport.

« Il incombe désormais à la communauté internationale, et en particulier au Conseil de sécurité, en tant qu’organe le plus puissant des Nations unies, de prendre des mesures décisives pour que les auteurs soient tenus de répondre de leurs actes et que les victimes obtiennent justice », a déclaré Donatella Rovera, qui a dirigé la mission d’enquête d’Amnesty International.

Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies avait annoncé le 3 avril la nomination de Richard Goldstone à la tête de la mission de quatre personnes chargée d’établir les faits sur les événements de Gaza.