Égypte : quatre migrants tués par les forces chargées de surveiller la frontière israélienne

Quatre hommes ont été abattus ce mardi 8 septembre par les forces de sécurité égyptiennes alors qu’ils tentaient de traverser la frontière pour se rendre en Israël. Deux autres ont été blessés. Il s’agit de l’épisode le plus meurtrier de cette nature survenu depuis le début de l’année dans cette zone frontalière du Sinaï.

Amnesty International a lancé un appel aux autorités égyptiennes leur demandant de rétablir la discipline au sein de ses troupes chargées de surveiller la frontière et d’éviter qu’elles n’utilisent la force meurtrière contre les migrants qui tentent de passer en Israël.

« Trop c’est trop. Cet événement prouve une nouvelle fois, s’il en est encore nécessaire, qu’il incombe toujours aux autorités égyptiennes d’instruire leurs forces sur les moyens dont elles disposent pour éviter de tuer des migrants qui essayent de passer la frontière, a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International. Elles doivent exercer un contrôle plus strict sur leurs forces frontalières et leur retirer leur droit de tuer. »

Depuis le début de l’année, les forces de sécurité égyptiennes ont tué au moins 11 personnes qui tentaient de pénétrer en Israël. Onze autres, peut–être davantage, ont été blessées, dont certaines grièvement. Parmi ces 11 blessés figurent ceux de mardi.

Des milliers de personnes, dont des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants, venant principalement du Soudan et de l’Érythrée ainsi que d’autres pays de l’Afrique sub-saharienne, tentent chaque année d’atteindre Israël en passant par l’Égypte. Elles risquent à chaque fois d’être tuées par des gardes-frontière égyptiens qui, manifestement, ne sont pas suffisamment formés pour faire face à ce genre de situations et qui, malgré le nombre de plus en plus élevé de victimes, ont souvent recours à la force meurtrière au lieu d’utiliser d’autres moyens d’intervention.

À la connaissance d’Amnesty International, aucun de ces tirs n’a fait l’objet d’une enquête et dans la plupart des cas les noms et la nationalité des victimes n’ont pas été dévoilés. Il se peut que certaines d’entre elles n’aient pas été munies de papiers d’identité.

Amnesty International prie instamment les autorités égyptiennes d’ouvrir une information sur les affaires où des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile ont été tués à la frontière israélienne, de préciser dans quelles circonstances spécifiques les agents chargés de la sécurité dans cette zone sont habilités à faire usage de leurs armes à feu et de s’assurer que ces instructions sont conformes aux normes internationales relatives aux droits humains en la matière.

En 2008, au moins 28 personnes, la plupart de nationalité soudanaise ou érythréenne, ont été tuées alors qu’elles tentaient de pénétrer en Israël sans autorisation officielle. Un très grand nombre d’autres ont été arrêtées après avoir été blessées.

L’utilisation de la force meurtrière, qui a commencé au milieu de l’année 2007, est peut-être la conséquence de la pression exercée par Israël sur l’Égypte afin que celle-ci réduise le nombre de personnes qui franchissent la frontière pour entrer illégalement sur le territoire israélien.

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), deux à trois millions de Soudanais vivent en Égypte. La plupart sont des migrants, mais plusieurs milliers de réfugiés ayant fui les persécutions dans leur pays d’origine figurent également parmi eux.