4000 Kenyans condamnés à mort auront la vie sauve

Lundi, plus de 4 000 personnes condamnées à mort au Kenya ont vu leur peine commuée en réclusion à perpétuité, d’après des informations venant des médias. Il s’agit de la plus vaste mesure de commutation jamais enregistrée. Le Kenya n’a procédé à aucune exécution depuis vingt-deux ans.

Dans une déclaration diffusée sur les ondes de la radio du groupe audiovisuel public Kenya Broadcasting Corporation, le président Mwai Kibaki a souligné qu’« un séjour prolongé dans le quartier des condamnés à mort cause une souffrance psychique, une angoisse, un traumatisme psychologique et une anxiété indus, et peut également constituer un traitement inhumain ».

Il a ordonné à des organes gouvernementaux de mener des études afin de déterminer si la peine de mort a un quelconque effet sur la lutte contre la criminalité. Il a en outre ajouté que la décision de commuer les peines capitales ne signifiait pas que la peine de mort avait été abolie, ce châtiment étant toujours légalement prévu par la législation kenyane.

La peine de mort continue d’être prononcée contre des personnes déclarées coupables de vol à main armée ou de meurtre.

« Il s’agit d’une avancée pour les droits humains au Kenya, a indiqué Piers Bannister, spécialiste de la peine de mort au sein d’Amnesty International. Nous espérons que les études menées par des organes gouvernementaux ordonnées par le président aboutiront à la conclusion que la peine de mort n’a aucun effet dissuasif particulier, qu’elle rend la société inhumaine et qu’elle est souvent infligée à des innocents.

« Le temps est venu pour le Kenya de rejoindre la majorité de pays dans le monde qui ont aboli la peine de mort », a-t-il ajouté.

La dernière mesure de commutation massive a été prise par le Pakistan en 1988 : 2 000 peines capitales avaient alors été commuées. En 2003, le Kenya a commué 223 peines de mort.

En mars 2005, le ministre de la Justice et des Affaires constitutionnelles a déclaré devant la Commission des droits de l’homme que le gouvernement kenyan était déterminé à abolir ce châtiment. En août 2007, le Parlement a cependant repoussé une initiative d’un député visant à abolir la sentence capitale.

Les 92 prisons que compte le Kenya ont une capacité d’accueil d’environ 17 000 places, mais quelque 48 000 détenus y sont actuellement entassés. Ces établissements font partie des prisons les plus surpeuplées et les plus en manque de financement du monde.