L’un des États les plus influents du Nigeria a fait un grand pas en avant vers l’abolition de la peine de mort en graciant et relâchant trois condamnés à mort. Dans l’État de Lagos, 37 autres prisonniers ont vu leur peine commuée, dont 29 sont désormais condamnés à une peine de détention à perpétuité.
« C’est un progrès en matière de respect des droits humains dans l’État de Lagos », a indiqué Aster van Kregten, responsable des recherches sur le Nigeria au sein d’Amnesty International.
Le gouverneur a mis fin à la menace de mort qui planait sur ses concitoyens. Amnesty International salue cette avancée majeure vers la protection des droits fondamentaux et félicite le gouverneur pour avoir fait preuve de son attachement envers les droits humains sur cette question. L’organisation encourage chacun à suivre son exemple.
« Nous espérons également que les dirigeants de l’État de Lagos lui emboîteront le pas en instaurant un moratoire sur les exécutions et qu’ils finiront par abolir la peine de mort pour tous les crimes, a ajouté Aster van Kregten. C’est l’occasion pour l’État de Lagos de montrer la voie à tout le pays afin qu’il tourne le dos à ce châtiment. »
Le gouverneur de l’État de Lagos, Babatunde Fashola, a déclaré qu’il avait accordé cette grâce pour des « raisons humanitaires ». Il a ajouté qu’il souhaitait donner aux prisonniers « l’espoir de changer leur comportement et de se réinsérer dans la société ».
Si aucun condamné à mort n’a été exécuté dans l’État de Lagos depuis plus de dix ans, des condamnations à la sentence capitale continuent d’y être prononcées. L’État doit modifier son Code pénal durant l’année 2009.
Au cours des dernières années, la peine de mort a suscité de nombreux débats politiques au Nigeria. Plus de 2 600 condamnés à mort ont été exécutés sous des gouvernements militaires entre 1970 et 1999, la plupart des condamnations ayant été prononcées par des tribunaux chargés des affaires de vol et d’usage d’armes à feu. Après la fin du régime militaire et l’accession au pouvoir d’un gouvernement civil en mai 1999, le nombre d’exécutions a chuté.
Deux groupes d’experts mis sur pied par l’ancien président Obasanjo – le Groupe national d’étude sur la peine de mort (2004) et la Commission présidentielle sur la réforme de l’administration de la justice (2007) – ont recommandé d’instaurer un moratoire sur les exécutions.
En 2008, au moins 40 personnes ont été condamnées à mort au Nigeria, tandis que quelque 735 prisonniers se trouvaient dans l’antichambre de la mort, dont 11 femmes. Des centaines d’entre eux n’ont pas bénéficié d’un procès équitable.
Actuellement, 139 pays ont aboli la peine capitale en droit ou en pratique. L’Afrique a pratiquement mis fin aux exécutions, puisque seuls deux des 53 États membres de l’Union africaine auraient ôté la vie à des prisonniers en 2008.