Malaisie : l’application de la peine de bastonnade prononcée à l’encontre d’une femme est reportée sine die

Les autorités malaisiennes ont suspendu indéfiniment l’application de la peine de bastonnade à laquelle a été condamnée une femme musulmane reconnue coupable d’avoir consommé de l’alcool en public. L’application de la peine avait été reportée dans un premier temps à la fin du mois de ramadan. Selon certaines informations, la condamnation de la jeune femme serait en cours de réexamen par une cour d’appel appliquant la charia (loi islamique), dans l’État malaisien de Pahang.

Se félicitant de ce sursis, Amnesty International a appelé le gouvernement malaisien à mettre fin définitivement à l’utilisation de la peine de bastonnade.

« Cette affaire met en lumière la propagation des peines de coups de bâton et de fouet en Malaisie, a déclaré Sam Zarifi, directeur d’Amnesty International pour la région Asie-Océanie. Depuis 2002, plus de 35 000 personnes, dont la plupart étaient des migrants illégaux, se sont vu infliger des peines de coups de bâton ou de fouet. »

Kartika Sari Devvi Shukarno devait retourner lundi 24 août à la prison pour femmes de Kajang dans l’État de Pahang pour y être soumise dans les sept jours à la peine de bastonnade à laquelle elle a été condamnée.

Selon les informations parues dans la presse, elle était en route pour la prison lorsque le véhicule qui la transportait a fait demi-tour et l’a ramenée à la maison de son père.

Les autorités de Pahang avaient alors indiqué que l’application de la peine était reportée à la fin du mois de jeun. Lundi 24 août était le troisième jour du ramadan.

Kartika Sari Devvi Shukarno, âgée de 32 ans, a été condamnée à une peine de six coups de bâton pour avoir consommé de l’alcool dans le bar d’un hôtel il y a plusieurs mois. La jeune femme, qui a plaidé coupable, a également été condamnée à une amende de 5 000 ringgits (près de 1 000 euros) par un tribunal de l’État malaisien de Pahang appliquant la charia.

Kartika Sari Devvi Shukarno n’a pas fait appel de sa condamnation. Si la peine de bastonnade avait été appliquée, elle aurait été la première femme a être punie de cette façon en Malaisie.

En juin 2009, le gouvernement malaisien a annoncé que 47 914 migrants avaient été condamnés à la bastonnade pour des infractions liées à l’immigration depuis l’entrée en vigueur, en 2002, de modifications à la loi sur l’immigration. Entre 2002 et 2008, au moins 34 923 migrants ont été soumis à la bastonnade, selon les chiffres de l’administration pénitentiaire.

Amnesty International a demandé au gouvernement d’abroger toutes les lois permettant le recours à une telle peine et à toute autre forme de châtiment corporel.

« La bastonnade constitue un châtiment cruel, inhumain et dégradant et elle est à ce titre interdite par le droit international relatif aux droits humains, a déclaré Sam Zarifi. Le gouvernement malaisien devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin à l’utilisation de ce châtiment en toute circonstance. »

La bastonnade est actuellement appliquée à titre de peine complémentaire pour au moins 40 infractions en Malaisie mais c’est la première fois que cette peine est utilisée contre une personne reconnue coupable d’avoir violé les lois religieuses du pays. La charia ne s’applique qu’aux musulmans, qui constituent 60 % des 28 millions d’habitants de la Malaisie.