Nouvelle violation des droits humains dans l’État indien de Manipur : une fillette de onze ans est arrêtée

En état de choc après avoir passé cinq jours en garde à vue dans l’État indien de Manipur, une fillette de onze ans reçoit actuellement des soins. Dans la matinée du 14 août, les forces de sécurité ont arrêté Bidyarani Devi Salam à son domicile.

« Amnesty International demande l’ouverture immédiate d’une enquête et réclame des mesures contre les policiers responsables de cet acte honteux », a déclaré Madhu Malhotra, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

Selon des organisations locales de défense des droits humains, les policiers ont enlevé la fillette mineure pour contraindre ses parents à se rendre, ceux-ci étant soupçonnés de soutenir les groupes locaux d’opposition armée.

« Que les forces armées prennent pour cible une mineure afin de justifier leur action contre les groupes armés d’opposition relève de l’inacceptable et ne saurait être toléré en aucune circonstance, a ajouté Madhu Malhotra.

« Il est grand temps que la Loi de 1958 relative aux pouvoirs spéciaux des forces armées, qui confère l’immunité aux forces paramilitaires et de sécurité combattant les groupes armés d’opposition, soit abrogée. »

D’après la version des policiers, la fillette s’est évanouie lorsqu’ils se sont présentés à son domicile à la recherche de ses parents et ils l’ont emmenée pour la faire soigner. Toutefois, ils n’ont pas pu expliquer pourquoi ils ne l’ont pas conduite dans un centre pour enfants ou un hôpital pour y recevoir ces soins.

Bidyarani Devi Salam a été libérée et remise à ses proches le 20 août, les policiers ayant interpellé ses parents qu’ils soupçonnent de soutenir l’Armée populaire de libération du Manipur.

Le 20 août au soir, elle recevait des soins à l‘Institut régional des sciences médicales de Manipur. Les médecins ont déclaré qu’il était trop tôt pour établir un diagnostic et l’ont gardé sous observation. Mala Lisam, coordinatrice de Childline pour l’État de Manipur, a affirmé que les organisations d’aide à l’enfance ont décidé de lui venir en aide.

C’est la deuxième fois en un mois que le Manipur s’illustre par de graves violations des droits humains. Le 23 juillet, les forces de police et de sécurité ont abattu Chungkam Sanjit, ancien militant non armé âgé de vingt-sept ans, et une femme enceinte qui se trouvait là, au marché principal de Manipur.

Ibobi Singh, Premier ministre de l’État de Manipur, a ordonné l’ouverture d’une commission d’enquête sur ces homicides et suspendu six policiers de leurs fonctions. Cependant, les policiers ne sont pas encore officiellement inculpés de meurtre. Un tribunal a donné au gouvernement de l’État jusqu’au 25 août pour les inculper en bonne et due forme.

Les 4 et 5 août, la police a arrêté sept défenseurs des droits humains, dont trois femmes, qui avaient mené une manifestation pacifique devant la résidence du gouverneur de l’État, demandant que les policiers soient révoqués et formellement inculpés pour les meurtres.

« Plutôt que d’engager une action en justice contre les forces de sécurité responsables de violations flagrantes des droits fondamentaux, l’État choisit de sanctionner les militants locaux qui demandent pacifiquement que justice soit rendue », a déploré Madhu Malhotra.

Le Manipur a récemment été le théâtre de manifestations contre la Loi de 1958 relative aux pouvoirs spéciaux des forces armées, qui confère l’immunité aux forces paramilitaires et de sécurité combattant les groupes armés d’opposition.

Amnesty International, à l’instar d’autres organisations de défense des droits humains, a demandé à maintes reprises l’abrogation de cette loi qui contrevient aux obligations internationales de l’Inde de protéger les droits fondamentaux.