Brésil : 30 policiers de Rio de Janeiro vont être inculpés d’homicide

Au Brésil, trente policiers vont être inculpés d’homicide à la suite d’une enquête portant sur leur implication dans la création d’un escadron de la mort et dans des homicides illégaux.

Le parquet de Rio de Janeiro va inculper les policiers sur la base des conclusions de son enquête portant sur la mort de 20 personnes tuées par la police au cours d’opérations menées dans des bidonvilles de la mégalopole en 2007 et 2008. Tous ces homicides ont été enregistrés comme ayant été consécutifs à des « actes de rébellion ». Ce terme est en effet utilisé par la police pour indiquer qu’elle a recouru à une force proportionnée lors d’opérations policières qui se sont soldées par des morts. Seules deux des victimes avaient un casier judiciaire, et toutes présentaient des blessures laissant penser qu’elles avaient subi une exécution extrajudiciaire.

Amnesty International a accueilli cette nouvelle avec satisfaction et salué le fait que la police a pleinement coopéré à l’enquête. L’organisation a indiqué qu’elle allait continuer de suivre cette affaire. Elle a également exhorté le parquet à étendre son enquête aux plus de 1 000 homicides consécutifs à des « actes de rébellion » qui sont enregistrés chaque année dans l’État de Rio de Janeiro.

Au Brésil et dans le reste du monde, des organisations de défense des droits humains ont condamné l’enregistrement de ces homicides sous la désignation d’« actes de rébellion » – on en enregistre actuellement trois par jour dans cet État. Ce terme semble bien être couramment utilisé pour camoufler les exécutions sommaires. Dans son rapport de 2008 portant sur le Brésil, le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires a estimé que ce système revient à donner carte blanche à la police pour commettre des meurtres.

Amnesty International demande depuis longtemps que ce terme ne soit plus utilisé, et que tous les meurtres commis par la police soient désignés sous le terme d’homicide, ces actes devant faire l’objet d’une enquête indépendante et exhaustive.

L’organisation a souligné que les autorités de cet État doivent s’engager dans la voie ouverte par cette récente décision et mettre en place une force de police responsable et professionnelle qui tienne compte des besoins de l’ensemble de la population.