Charles Taylor, l’ancien président du Liberia, a commencé mardi à témoigner dans le cadre de son procès devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone à La Haye.
Amnesty International est préoccupée par le fait que malgré l’importance de ce procès pour les victimes du conflit en Sierra Leone, de nombreux Sierra-Léonais ignorent son existence et ne suivent pas les débats.
« Aujourd’hui, le Tribunal spécial pour la Sierra Leone à Freetown, où l’on peut suivre par liaison vidéo les audiences qui se déroulent à La Haye, était presque vide. Les gens ne semblent pas être au courant de ce qui se passe », a déploré Tania Bernath, d’Amnesty International, qui se trouve actuellement en Sierra Leone.
Amnesty International estime que les mesures qui sont actuellement prises pour informer les Sierra-Léonais au sujet du procès sont insuffisantes. L’organisation a déclaré que des mesures supplémentaires doivent être prises pour que les victimes du conflit en Sierra Leone, y compris celles qui vivent dans des régions rurales, reçoivent facilement des informations qui présentent pour elles un véritable intérêt.
Charles Taylor doit faire face à 11 chefs d’accusation de crimes contre l’humanité et crimes de guerre qu’il est soupçonné d’avoir commis en Sierra Leone.
Son procès a été délocalisé à La Haye en janvier 2008 car l’on craignait qu’il n’entraîne une instabilité en Sierra Leone et au Liberia, pays voisin.
Le procès a repris lundi, après la phase d’accusation qui s’est achevée en février 2009.
La phase de défense de Charles Taylor a débuté lundi et l’on s’attend à ce qu’elle dure plusieurs mois. C’est la première fois qu’un chef d’État africain est poursuivi devant un tribunal pénal international pour des crimes perpétrés contre des Africains.
Le principal avocat de la défense, Courtney Griffith, a commencé par présenter dans ses grandes lignes la stratégie de la défense, qui nie l’implication de Charles Taylor dans les crimes – meurtres, mutilations, violences sexuelles et enrôlement d’enfants soldats, notamment – qui lui sont reprochés. Cette phase de défense vient à la suite des témoignages donnés par 91 témoins de l’accusation lors de la phase d’accusation qui a pris fin en février 2009.