Irak : l’attaque par les forces irakiennes du camp d’Ashraf, où vivent des Iraniens, aurait fait huit morts

Huit personnes seraient mortes et près de 400 autres auraient été blessées dans l’attaque lancée mardi par les forces irakiennes contre des Iraniens non armés vivant dans le camp d’Ashraf, au nord de Bagdad. Amnesty International a appelé le gouvernement irakien à enquêter sur ce qui apparaît comme un recours à une force excessive de la part de ses forces de sécurité.

Des centaines de membres des forces de sécurité ont pénétré par la force, à l’aide de bulldozers, dans le camp vers 15 heures, heure locale. Ils ont utilisé du gaz lacrymogène, des cannons à eau et des matraques contre les personnes non armées qui tentaient de les empêcher de rentrer dans le camp.

Une vidéo visionnée par Amnesty International montre clairement des membres des forces irakiennes en train de frapper des gens à plusieurs reprises sur différentes parties de leur corps, y compris à la tête. Parmi les 400 blessés, 13 seraient dans un état critique.

De plus, les habitants du camp ont indiqué qu’une cinquantaine de personnes avaient été arrêtées. On ignore où elles se trouvent actuellement.

Au cours des derniers mois, le gouvernement irakien a publiquement annoncé qu’il voulait prendre totalement le contrôle du camp d’Ashraf. Lundi, un porte-parole du gouvernement, Ali al Dabbagh, a déclaré sur une chaîne de télévision par satellite irakienne que les autorités irakiennes allaient « prendre en charge la responsabilité des questions relatives à la sécurité intérieure du camp d’Ashraf ». Les autorités auraient l’intention d’installer un poste de police dans ce camp.

Amnesty International appelle le gouvernement irakien à révéler où se trouvent les cinquante personnes qui ont été arrêtées et à veiller à ce qu’elles soient protégées contre la torture et les autres formes de mauvais traitements et contre un retour forcé en Iran.

Près de 3 500 résidents du camp d’Ashraf sont des membres ou des sympathisants de l’Organisation iranienne des moudjahidin du peuple (OIMP), un mouvement d’opposition iranien dont les membres vivent en Irak depuis de nombreuses années. Jusqu’à une date récente, l’OIMP était considérée comme une organisation « terroriste » par l’Union européenne et par d’autres pays, mais cette désignation a dans la plupart des cas été abandonnée au motif que ce mouvement ne prône ni ne pratique plus l’opposition armée au gouvernement iranien.

Les forces américaines ont assuré la protection du camp et de ses habitants, désignés sous le terme de « personnes protégées » après l’invasion de l’Irak en 2003, mais cette situation a pris fin avec l’Accord sur le statut des forces (SOFA), signé entre les États-Unis et le gouvernement irakien, alors même que cet accord ne fait pas référence au camp d’Ashraf ni à ses habitants.