Viêt-Nam : arrestation d’un éminent avocat défenseur des droits humains

Samedi 13 juin, au Viêt-Nam, la police a arrêté un éminent avocat spécialisé dans la défense des droits humains pour « collusion avec des réactionnaires à l’intérieur du pays et à l’étranger en vue de saboter l’État vietnamien ». Le Cong Dinh a été appréhendé à son domicile, à Ho Chi Minh-Ville. Il est inculpé d’avoir violé l’article 88 de la section du Code pénal relative à la sécurité nationale, qui interdit de « faire de la propagande » contre l’État, infraction passible de peines pouvant aller jusqu’à vingt ans de réclusion. Les autorités lui reprochent d’avoir eu des échanges avec la BBC et Radio Free Asia et d’entretenir des liens avec des militants vietnamiens à l’étranger.

« Cette arrestation apparaît comme une nouvelle manifestation de la détermination du Viêt-Nam à étouffer la liberté d’expression et à faire taire toute personne critiquant les autorités ou ayant des opinions différentes des leurs, a déclaré Donna Guest, représentante d’Amnesty International. Le Cong Dinh doit être libéré immédiatement et les charges retenues contre lui doivent être abandonnées. »

Au moins 30 dissidents ont été condamnés à de longues peines de prison depuis 2006, aux termes de l’article 88 dans la plupart des cas, pour avoir évoqué des questions relatives à la politique et aux droits humains. Parmi eux figurent deux avocats spécialistes des droits humains détenus pour leurs opinions, Le Thi Cong Nhan et Nguyen Van Dai, que Le Cong Dinh a défendus en appel en novembre 2007.

Le Cong Dinh et leurs autres avocats ont courageusement mis en avant le fait que l’article 88 était anticonstitutionnel et contraire à des traités internationaux relatifs aux droits humains qui ont été ratifiés par le Viêt-Nam.
 
Amnesty International demande depuis longtemps que l’article 88 et d’autres dispositions du Code pénal portant sur certaines infractions relatives à la « sécurité nationale » soient modifiés ou abrogés.

« Ces infractions sont définies dans des termes si vagues qu’elles criminalisent l’opposition politique pacifique, a déclaré Donna Guest. En mai, lorsque le Viêt-Nam a vu sa situation étudiée par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies dans le cadre de l’Examen périodique universel, il a rejeté les recommandations d’autres États qui lui conseillaient de permettre la liberté d’expression et de modifier, entre autres, les lois relatives à la sécurité nationale limitant la liberté d’expression. »