Des maisons palestiniennes menacées en Cisjordanie occupée

Cinq familles du hameau de Hadidiya, en Cisjordanie, sont menacées d’expulsion immédiate. Au moins 12 autres familles contestent des arrêtés d’expulsion et de démolition dans la vallée du Jourdain.
Au total, plus de 150 personnes, dont de nombreux enfants, vivent sous la menace de perdre leur maison et d’être expulsées de la région.

Dans la matinée du 4 juin, l’armée israélienne a détruit les habitations de 18 familles palestiniennes, ainsi que leurs étables, dans le hameau voisin de Ras al Ahmar. Plus de 130 personnes, dont de nombreux enfants, y résidaient.

Les soldats israéliens ont également confisqué une citerne, un tracteur et une remorque, dont les villageois se servaient pour aller chercher de l’eau à plusieurs kilomètres de là. Or, les villageois ne sont pas autorisés à puiser de l’eau dans les puits du secteur. Ils se retrouvent désormais sans abri et sans source d’eau, alors que la saison chaude a commencé.

Nombre de ces familles ont vu leurs maisons détruites à plusieurs reprises au cours des dernières années et toutes risquent d’être une nouvelle fois déplacées, l’armée israélienne ayant déclaré ce secteur, et la plus grande partie de la vallée du Jourdain, « zone militaire fermée » interdite à la population palestinienne locale.

Tandis que ces communautés palestiniennes continuent d’être harcelées et chassées de leurs terres, l’expansion des colonies israéliennes voisines – établies en violation du droit international – se poursuit.

Non loin de Ras al Ahmar et de Hadidiya, se trouvent trois colonies israéliennes qui utilisent de grandes quantités d’eau pour les activités agricoles qu’elles ne cessent de développer. La colonie de Hemdat, établie en 1997, dispose de « beaux et grands bâtiments aux toitures rouges » construits par le ministère israélien du Logement, tandis que celle de Ro’i s’enorgueillit d’une piscine.

Les gouvernements israéliens successifs, de toutes tendances politiques, ont tous appuyé la construction et l’expansion de colonies illégales dans les territoires palestiniens occupés. Sous le dernier gouvernement du Premier ministre Ehoud Olmert, leur expansion s’est fortement accélérée, notamment après la conférence d’Annapolis en novembre 2007, censée relancer le processus de paix.

S’exprimant depuis Le Caire jeudi 4 juin dans le cadre de son déplacement au Moyen-Orient, le président américain Barack Obama a une nouvelle fois demandé à Israël de stopper la construction de colonies dans les territoires palestiniens occupés. Amnesty International a salué cet appel.

« Le gouvernement du président Obama doit mettre en place des mécanismes concrets afin de veiller à la mise en œuvre de cet engagement en temps voulu et à l’arrêt des démolitions de plus en plus fréquentes de maisons palestiniennes », a indiqué Donatella Rovera, chercheuse d’Amnesty International sur Israël et les territoires palestiniens occupés.

Amnesty International fait campagne pour le démantèlement de toutes les colonies en Cisjordanie occupée. La politique israélienne de colonisation bafoue purement et simplement le droit international. En outre, la saisie de terres pour la construction de colonies, de routes de contournement et d’infrastructures associées, ainsi que l’attribution discriminatoire des ressources vitales, notamment de l’eau, ont des répercussions dramatiques sur les droits fondamentaux de la population palestinienne locale.

Depuis longtemps, l’armée et les autorités israéliennes démolissent des maisons et privent les Palestiniens de la région d’accès aux terres et à l’eau, en vue de les forcer à partir. À Hadidiya, Ras al Ahmar et ailleurs dans la vallée du Jourdain, après chaque démolition, les familles reconstruisent leurs habitations au même endroit ou non loin. Toutefois, il leur est de plus en plus difficile de survivre dans la région.

L’armée israélienne déploie des efforts accrus dans le but de contraindre les communautés palestiniennes à quitter de vastes secteurs de la vallée du Jourdain. Outre la démolition périodique de maisons et d’enclos, l’armée israélienne recourt à d’autres méthodes pour pousser les villageois palestiniens à partir.

Elle les empêche d’accéder aux sources d’eau, restreint de plus en plus leur liberté de mouvement et confisque leurs animaux, qui constituent leur principal moyen de subsistance.

Bien qu’ils soient très isolés, les villageois sont déterminés à rester dans la région où ils vivaient déjà bien avant que l’armée israélienne n’occupe ces territoires palestiniens en 1967. Ils saluent la solidarité mondiale et la pression exercée au niveau international sur les autorités israéliennes pour protester contre les démolitions. Toutefois, au fur et à mesure que l’attention internationale se détourne d’eux, la menace à laquelle ils doivent faire face se fait plus vive, d’où l’importance d’intervenir aujourd’hui une nouvelle fois en leur faveur.