Inde : les manifestations se poursuivent dans l’État de Jammu-et-Cachemire après le viol et le meurtre de deux jeunes femmes

Le mouvement se poursuit au Cachemire pour presser le gouvernement indien de donner suite aux allégations selon lesquelles des membres des Forces centrales de réserve de la police (CRPF) auraient violé et tué deux femmes. Ces manifestations, qui durent depuis plusieurs jours en réaction à l’agression à caractère sexuel et au meurtre de deux jeunes femmes à Shopian le 30 mai, ont déjà fait un mort et 150 blessées.

« Les manifestants dénoncent l’incapacité du gouvernement indien à déférer à la justice les membres des forces de sécurité qui se rendent coupables de graves violations des droits humains, a déclaré Sam Zarifi, directeur d’Amnesty International pour la région Asie-Océanie. Tant que le gouvernement indien ne demandera pas de comptes aux forces armées au Cachemire, il continuera d’être en butte au mécontentement de la population. »

Aasiya Jan, âgée de 22 ans, et sa belle-sœur Niloufer Jan, âgée de 17 ans, ont disparu alors qu’elles se rendaient au verger de la famille le 29 mai à Nagbal près de Shopian. Leurs corps ont été retrouvés le lendemain dans deux endroits différents au niveau du Ranbi Ara, un petit cours d’eau passant près d’un camp des CRPF.

Des proches des deux jeunes femmes et des habitants de la localité ont accusé des membres des Forces centrales de réserve de la police d’être impliqués dans ces meurtres précédés d’agressions sexuelles. Amnesty International a demandé aux autorités indiennes d’ouvrir immédiatement une enquête qui soit juste et impartiale sur les allégations selon lesquelles les CRPF seraient impliquées dans les agressions sexuelles et le meurtre dont ont été victimes les deux jeunes femmes.

La police et les forces paramilitaires ont tiré sur les manifestants à Shopian, Baramulla et Srinagar, notamment. Les informations en provenance des hôpitaux montrent que les forces de sécurité ont tiré des balles réelles et des balles en caoutchouc.

« Les autorités devraient veiller à ce que les forces de sécurité respectent les normes internationales applicables aux responsables de l’application des lois et en particulier les normes concernant le recours à la force face à des manifestants, a déclaré Sam Zarifi. Tout recours excessif à la force devrait faire l’objet d’investigations impartiales. »

Des organisations locales de défense des droits humains et des journalistes ont fait état à Amnesty International de tentatives concertées de suppression des éléments prouvant que les deux femmes avaient fait l’objet d’une agression sexuelle. La police n’a pas non plus chercher à savoir s’il y avait eu des témoins qu’elle aurait pu interroger, même lorsque les autorités de l’État de Jammu-et-Cachemire ont ouvert une enquête judiciaire sur les deux homicides.

Amnesty International a demandé à plusieurs reprises le retrait de la loi sur la sécurité en vigueur dans le Cachemire ; ce texte favorise l’impunité en conférant aux forces de sécurité des pouvoirs discrétionnaires qui, de fait, leur permettent de violer les droits humains. Des doutes sérieux subsistent également sur l’efficacité des enquêtes commanditées précédemment par les autorités sur des violations des droits humains telles que des homicides illégaux, des disparitions forcées et des agressions sexuelles à l’encontre de femmes.

Amnesty International a reçu en outre des informations le 8 juin selon lesquelles quatre dirigeants d’organisations séparatistes cachemiries avaient été arbitrairement arrêtés. À ce jour, ils n’ont pas été inculpés.

Un des leaders détenus, Syed Ali Shah Geelani, a été emmené dans un lieu inconnu. Yasin Malik, Javed Mir et Mirwaiz Mohammad Umar Farooq ont été placés en résidence surveillée.

Amnesty International a demandé aux autorités de rendre publiques toutes les informations relatives à leur détention, y compris la manière dont ils sont traités, et de libérer immédiatement les personnes n’étant pas inculpées d’une infraction pénale définie par la loi. Elle a ajouté que les personnes arrêtées ne devaient être placées que dans des lieux de détention officiels et être conduites rapidement devant une autorité judiciaire indépendante.