En Tanzanie, des manœuvres d’intimidation sont exercées sur les réfugiés burundais pour les contraindre à retourner au Burundi

Les réfugiés burundais vivant dans le camp de Mbatila en Tanzanie sont poussés à retourner au Burundi, selon des informations transmises à Amnesty international par des réfugiés et des organisations travaillant en Tanzanie.

Plus de 36 000 personnes fuyant le conflit au Burundi sont venues se réfugier dans le camp de Mbatila depuis le début des années 90. Ce camp doit fermer le 30 juin 2009 dans le cadre d’un programme de rapatriement de tous les réfugiés au Burundi.

« Les informations selon lesquelles des pressions seraient exercées sur les réfugiés pour les contraindre à quitter le camp de Mbatila nous inquiètent, a déclaré Godfrey Odongo, spécialiste de l’Afrique de l’Est à Amnesty International. Le fait que certains réfugiés aient eu leur habitation incendiée ou aient reçu des menaces en ce sens est d’autant plus préoccupant que ces agissements sont le fait d’individus soupçonnés d’agir sur instructions directes des autorités tanzaniennes. »

Des responsables des habitants du camp qui voulaient rassembler les réfugiés concernés pour faire valoir que ces rapatriements devaient être volontaires ont été arrêtés et placés en détention.

Ce programme de rapatriement découle d’un accord tripartite conclu en avril 2002 entre le gouvernement de la Tanzanie, le gouvernement du Burundi et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Dans un communiqué conjoint de décembre 2008, les différentes parties avaient indiqué que le programme s’effectuerait sur la base du « volontariat » et qu’il était justifié par des événements témoignant du bon déroulement du processus de paix et de réconciliation au Burundi.

Amnesty International croit savoir cependant que, contrairement à ce que prévoit le droit international et régional, aucune procédure n’a été mise en place à ce jour pour prendre en compte les inquiétudes légitimes de persécution formulées individuellement par des réfugiés ou des demandeurs d’asile.

« Il faut que le Burundi et la Tanzanie fassent clairement savoir aux réfugiés que les rapatriements s’effectuent sur la base du volontariat, et qu’ils offrent aux réfugiés d’autres solutions durables telles que l’intégration sur place, a ajouté Godfrey Odongo. Forcer ces réfugiés à rentrer contre leur gré dans leur pays d’origine constituerait une violation du droit international et régional. »

Tout rapatriement doit se dérouler dans le respect des principes de protection des réfugiés. Les retours volontaires doivent se fonder sur une décision prise en connaissance de cause, en toute sécurité et dans la dignité. Les manœuvres d’intimidation, le retrait de l’aide ou la fermeture des camps peuvent s’apparenter à de la coercition et donner lieu à des rapatriements qui ne seraient pas librement consentis et pourraient de ce fait être considérés comme illégaux.