La secrétaire générale d’Amnesty International a débuté sa première mission de haut niveau au Kenya lundi 8 juin en se rendant dans deux quartiers informels de Nairobi, ville où plus de deux millions de personnes habitent dans des bidonvilles.
C’est entourée de centaines d’écoliers enthousiastes à l’école Glory du bidonville de Korogocho, qu’Irene Khan a procédé au lancement de la première action de la nouvelle grande campagne d’Amnesty International, Exigeons la dignité. La secrétaire générale de l’organisation a appelé les habitants de ces quartiers informels à faire savoir au gouvernement kenyan, par le biais d’un service SMS gratuit, ce que signifiaient pour eux la dignité et le droit au logement.
« Nous voulons aller à l’école » ont scandé les enfants en agitant leurs mains dans les airs.
Des habitants des bidonvilles de Korogocho et de Kibera ont raconté des histoires, chanté des chansons et joué des pièces de théâtre de rue illustrant les atteintes aux droits humains qu’ils subissent chaque jour dans leurs abris de fortune.
« L’expansion des bidonvilles dans les zones urbaines est devenue le symbole des populations oubliées, marginalisées, qui sont privées non seulement des services de base comme l’assainissement mais aussi du processus de prises de décisions les concernant directement », a déclaré Irene Khan.
Dans les bidonvilles, les enfants jouent dans de l’eau boueuse qui s’écoule difficilement tandis que les passages que doivent emprunter les habitants sont jonchés de déchets. La surpopulation est un grave problème à Kibera, plus grand bidonville d’Afrique où plus de 800 000 personnes vivent sur 250 hectares.
Un grand nombre des habitants de ce quartier informel ont décrit l’insécurité à laquelle sont confrontés ceux qui vivent dans des bidonvilles. À Korogocho, Irene Khan a rencontré une mère de trois enfants, Mama Franco, qui a perdu le peu de biens qu’elle possédait dans l’incendie provoqué par la lampe à la paraffine qu’elle utilisait dans son abri sans électricité.
Mama Franco fait partie des 127 000 Kenyans pauvres dont l’habitation devra être détruite dans le cadre d’un programme de nettoyage de rivière. L’école Glory, qui accueille 500 élèves, est également menacée de destruction. L’absence d’informations détaillées sur les expulsions auxquelles pourrait donner lieu le programme de nettoyage du cours d’eau laisse les habitants de cette zone dans la crainte permanente d’être chassés de chez eux.
Irene Khan a également discuté avec Jocelyn Kemuto Nkykooyo qui, porteuse du VIH/sida, a perdu son domicile avant d’être abandonnée par son mari. Cette femme risque de ne pas bénéficier d’un programme gouvernemental de réhabilitation du bidonville du fait que c’est son époux, et pas elle, qui a été enregistré comme bénéficiaire de ce programme.
La première action qu’Amnesty International mène dans le cadre de sa nouvelle campagne Exigeons la dignité a pour objectif de donner à ceux qui vivent dans la pauvreté les moyens de faire valoir leurs droits auprès des plus hautes instances gouvernementales. Les messages d’habitants des bidonvilles collectés par le biais de l’action SMS et du site www.demanddignity.org seront présentés au gouvernement kenyan à l’occasion de la Journée mondiale de l’habitat.