Le gouvernement sri lankais et les Tigres tamouls doivent prendre en compte les demandes du Conseil de sécurité

Le gouvernement du Sri Lanka et les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE) doivent immédiatement prendre en compte les demandes formulées par le Conseil de sécurité des Nations unies et les appels lancés par le président américain Barack Obama, afin de permettre à des dizaines de milliers de civils de quitter la zone dite « protégée », a déclaré Amnesty International jeudi 14 mai.

L’organisation a salué la déclaration du Conseil de sécurité, premier pas en avant vers la prise en charge de la crise humanitaire et des droits humains qui sévit au Sri Lanka. Toutefois, elle a demandé au gouvernement de ne plus employer d’armes lourdes et d’autoriser sans délai l’ONU, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et d’autres organisations humanitaires à se rendre auprès des 50 000 civils, au moins, pris au piège dans la zone de conflit, sur la côté nord-est de l’île.

« Le Conseil de sécurité doit désormais veiller à ce que ses requêtes soient mises en œuvre dans les meilleurs délais et à ce que la situation au Sri Lanka soit officiellement inscrite à son ordre du jour et fasse l’objet d’un examen attentif. Il doit également prêter attention à l’obligation future de rendre des comptes pour les graves violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains imputables aux deux parties », a indiqué Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

Amnesty International s’est félicitée des déclarations du Conseil de sécurité et du président Barack Obama, qui condamnent les LTTE pour leur utilisation de civils comme boucliers humains et invitent le gouvernement à prendre de toute urgence des mesures à même de garantir la sécurité des civils. Le Conseil de sécurité a engagé le gouvernement du Sri Lanka à tenir sa promesse – qu’il a rompue ces dernières semaines – de ne pas utiliser d’armes lourdes dans les zones à forte concentration de civils, ce qui cause de nombreuses victimes.

Irene Khan, secrétaire générale d’Amnesty International, s’est adressée le 12 mai au Conseil de sécurité, sollicitant une action immédiate visant à remédier à la situation désastreuse dans la zone dite « protégée ». Vivement préoccupée par le lourd tribut que paie la population civile, et notamment les enfants, elle a appelé l’attention sur les éléments de plus en plus nombreux qui démontrent l’implication du gouvernement et des LTTE dans de graves violations du droit international humanitaire.

Par ailleurs, Amnesty International a exhorté le Conseil de sécurité à mettre l’accent sur la responsabilité individuelle dans les crimes relevant du droit international et à mettre sur pied une commission d’enquête, première mesure visant à établir les responsabilités pour les violations présumées du droit international humanitaire et relatif aux droits humains.

Complément d’information
Amnesty International a prié le Conseil de sécurité des Nations unies de veiller à ce que cessent les attaques menées contre les civils par l’armée sri lankaise et les LTTE, à ce que les LTTE laissent tous les civils quitter la zone de conflit et à ce que le gouvernement du Sri Lanka cesse d’employer de l’artillerie lourde dans des secteurs à forte densité de population et autorise immédiatement les observateurs internationaux et les organismes humanitaires à se rendre sur les lieux.

L’organisation a régulièrement dénoncé les graves violations du droit international humanitaire, notamment les crimes de guerre, commises tant par les Tigres tamouls que par les troupes sri lankaises. Les LTTE ont pris au piège des civils dans la zone de conflit, s’en servant comme boucliers humains face aux forces gouvernementales. De son côté, l’armée sri lankaise a recouru à l’artillerie lourde, qui frappe sans discrimination dans de telles circonstances, faisant de nombreux morts et blessés parmi la population civile.

Le président américain Barack Obama a quant à lui déclaré : « Sans une action urgente, cette crise humanitaire risque de virer à la catastrophe ».

Il a condamné l’utilisation par les LTTE de civils comme « boucliers humains » et exhorté le gouvernement sri lankais à mettre fin aux « bombardements non ciblés » sur la zone. Enfin, il a réclamé que les organismes humanitaires puissent avoir accès aux civils pris entre deux feux et aux personnes déplacées à l‘intérieur du Sri Lanka, afin que tous puissent recevoir l’assistance immédiate dont ils ont besoin.