Les syndicalistes turcs se voient une fois de plus interdire l’accès à la place Taksim, dans le centre d’Istanbul

Cette année encore, les syndicalistes ne sont pas autorisés à manifester sur la place Taksim, dans le centre d’Istanbul, pour marquer le 1er mai. En 2008, plus de 500 personnes avaient été arrêtées pour avoir manifesté sans autorisation le 1er mai à Istanbul.

En ce vendredi 1er mai 2009 où des manifestations sont prévues dans de nombreuses villes de Turquie, Amnesty International a demandé de nouveau aux autorités turques de veiller à ce que le droit à la liberté de réunion pacifique soit respecté. L’organisation exhorte le gouvernement à faire le nécessaire pour que les responsables de l’application des lois n’aient recours à la force que lorsque cela est strictement nécessaire et dans la mesure exigée par l’accomplissement de leurs fonctions.

Amnesty International demande en outre que les agents chargés du maintien de l’ordre pendant la manifestation portent des badges d’identification afin de pouvoir être tenus de rendre des comptes.

Les deux dernières années, la police a utilisé des canons à eau, des matraques et du gaz lacrymogène pour disperser les manifestations non autorisés sur la place Taksim, à Istanbul. Aucun agent des forces de sécurité n’a été poursuivi pour recours excessif à la force à ces deux occasions. En 2007, à la suite d’affrontements entre policiers et manifestants, 38 personnes avaient porté plainte pour blessure infligée par la police lors de la manifestation.

Cependant, le 12 mars 2008, le procureur général a statué que ce recours à la force était légal parce que la manifestation n’avait pas été autorisée par les autorités. Cette décision était contraire au principe selon lequel la force utilisée par les responsables de l’application des lois doit être proportionnelle, qu’un rassemblement ait été autorisé ou non.

« Manifester pacifiquement relève du droit de réunion pacifique garanti par les instruments internationaux relatifs aux droits humains, a déclaré Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. Les limites imposées à ce droit doivent être uniquement celles qui sont prévues par la loi et nécessaires, dans une société démocratique, à la protection de la sécurité nationale, ou au maintien de l’ordre ou à la protection des droits et libertés des autres. »

Le 1er mai est redevenu un jour férié en Turquie cette année pour la première fois depuis 1981, où il avait été supprimé à la suite du coup d’état militaire survenu un an auparavant. Les rassemblements de travailleurs sur la place Taksim sont interdits.

Les syndicats turcs ont annoncé qu’ils manifesteraient cette année malgré l’interdiction.