Au Pakistan, les civils bloqués dans la zone de conflit manquent d’eau, de nourriture et de soins médicaux

L’armée pakistanaise et les insurgés talibans doivent immédiatement laisser partir les dizaines de milliers de civils pris sous le feu de violents combats, a déclaré Amnesty International.

Plus de 500 000 Pakistanais ont quitté leur foyer ces trois dernières semaines, ce qui porte à 1 300 000 le nombre de civils déplacés par le conflit depuis un an. Mais quelque 700 000 personnes demeurent toutefois bloquées dans la vallée de Swat, selon un parlementaire local.

Des habitants du district de Malakand (province de la Frontière du Nord-Ouest) qui ont fui ces jours derniers ont expliqué à Amnesty International que les populations restées sur place non seulement étaient prises entre les feux d’intenses combats menés en grande partie dans des zones civiles, mais étaient également confrontées à la pénurie de carburant, d’électricité, de nourriture et de soins médicaux.

« Les milliers de personnes qui n’ont pas pu quitter la région de Malakand se trouvent désormais dans une situation humanitaire désastreuse, a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Les talibans ne se soucient aucunement de leur sécurité et de leur sort en général, et l’armée semble désormais mener une politique de la terre brûlée. »

L’armée pakistanaise a donné l’ordre de tirer à vue sur toute personne ne respectant pas le couvre-feu en vigueur jusqu’à nouvel ordre dans la zone de Malakand. L’imposition du couvre-feu a été annoncée par les mosquées et par des camionnettes équipées de haut-parleurs.

Le 14 mai, les autorités ont assoupli les restrictions durant une courte période dans la ville de Mingora – également dans la province de la Frontière du Nord-Ouest –, ce qui a permis à des milliers de civils de quitter les lieux, pour la plupart à pied. Plusieurs personnes ont déclaré à Amnesty International avoir laissé sur place des membres de leur famille se trouvant dans l’incapacité physique de fuir, ou d’autres qui, vivant à l’extérieur de Mingora, n’ont pu bénéficier de la levée du couvre-feu.

« L’armée pakistanaise doit prendre immédiatement des mesures pour permettre aux civils de se mettre en sécurité et faire en sorte que vivres, carburant et fournitures médicales parviennent aux personnes encore présentes dans la zone de Malakand », a déclaré Sam Zarifi.

Selon des témoignages recueillis ces jours derniers par Amnesty International auprès de civils venus de divers points du district, l’électricité a été coupée dans la zone et les groupes électrogènes ne fonctionnent pas, faute de carburant, ce qui pose de graves problèmes dans les hôpitaux et pour le stockage de l’alimentation. Pratiquement plus aucune ambulance ne circule.

Des habitants ont aussi déclaré à Amnesty International que les insurgés talibans utilisaient des structures médicales, des écoles et des habitations comme lieu de repli et base d’où ils lancent des attaques, déclenchant ainsi, en toute connaissance de cause, la riposte de l’armée.

« Il semble que le gouvernement pakistanais assouplisse par moment le couvre-feu afin de permettre aux civils de quitter les zones de combat, a indiqué Sam Zarifi. Mais même après le départ des civils, les forces en présence doivent cesser de prendre pour cible des bâtiments comme les hôpitaux ou les écoles. »